L'ENVIRONNEMENT ÉDUCATIF (2)

Dernière mise à jour: 2 septembre 2013
© 2013 Guy Spielmann

III. Deux grands modèles d'environnement 

    En dépit de la multiplicité de combinaisons possible, on peut catégoriser les environnements selon que l'apprenant en tant qu'individu est placé au centre du dispositif ou non. La notion même de placer l'apprenant au centre du dispositif est relativement nouvelle dans l'histoire de l'éducation; lorsqu'elle se développe au XVIIIe siècle, en particulier dans le traité de Jean-Jacques Rousseau, L'Émile (1762), l'enseignement de masse n'existe pas, et il reste relativement facile d'appliquer le principe de la centration sur l'apprenant dans une relation pédagogique qui relève plutôt du tutorat. La situation a profondément changé à la fin du XIXe siècle lorsque les sociétés occidentales instituent l'éducation pour tous, et que l'on adopte alors un modèle de productivité qui a fait ses preuves dans l'industrie alors en plein développement.


Lieu clos et isolé du monde, l'école est une unité de production destiné à former les élèves selon les besoins de la société
La méthode est l'ensemble des stratégies par lesquelles on estime optimiser la transmission des connaissances et des habiletés.
L'élève est un type plutôt qu'un individu; la formation qu'il reçoit reflète son statut social et la place qui lui est a priori assignée dans la société.
L'enseignant a pour fonction d'appliquer les (bonnes) méthodes contribuant à la formation la plus efficace. Ce n'est pas lui qui les a inventées et il agit comme une sorte de contremaître sans pouvoir décisionnel.
Le processus de scolarisation consiste à passer par une suite d'étapes strictement prédéterminées et dont le but est défini d'avance.
Capacité à faire quelque chose ou savoir acquis, obtenu au terme de la formation. Elle rend l'élève fonctionnel dans la société sans le transformer.
Le manuel est l'outil de base de la scolarisation. Il reflète une organisation du savoir conçue spécifiquement pour le milieu scolaire.
Catégorie discrète du savoir, distincte des autres et donnée à priori: l'histoire, les mathématiques, la biologie.
Tout ce qu'on peut utiliser pour faciliter la formation: du crayon à papier jusqu'à l'ordinateur
 

Un Modèle transformationnel

    Un modèle et non pas le modèle, car il en existe de nombreuses variations. Leur point commun c'est de mettre l'apprenant en tant qu'individu (et membre d'une communauté) au centre de l'entreprise éducative, en considérant à la fois son développement cognitif, affectif et social. L'apprentissage ne se limite pas à l'acquisition d'un savoir ou d'un savoir faire, et doit transformer l'individu en profondeur.
   Même si les pédagogies humanistes les plus extrêmes refusent d'imposer un modèle à suivre en insistant sur l'épanouissement de l'élève dans la voie qu'il s'est lui-même choisie, la plupart d'entre elles reconnaissent la nécessité des contraintes. Il importe surtout de déterminer quel est le sens de ces contraintes, et comment on peut amener l'apprenant à les accepter et à les intérioriser.


L'environnement est conçu de façon à optimiser l'apprentissage, plutôt que comme une « coquille » neutre. L'ambiance, l'ergonomie, la disposition des salles ou du mobilier sont autant de facteurs importants. Ses frontières sont poreuses, il est ouvert au monde extérieur.
Le monde englobe l'environnement sans s'opposer à lui. Il est le lieu d'expériences que le milieu éducatif reflète et sur lesquelles il aide l'apprenant à réfléchir.


L'apprenant est avant tout un individu. Apprendre, c'est faire évoluer son raport au monde et aux autres, à travers l'acquision de connaissances, de modes de pensée et d'habiletés, pour évoluer soi-même.



L'apprentissage s'effectue rarement en isolation, même si la transformation qu'il provoque est essentiellement personnelle. On apprend en groupe, avec les autres mais aussi grâce aux autres. De même, l'enseignant ne travaille jamais seul; sa pensée et sa pratique sont influencées par les réseaux professionnels auquels il appartient.

 



On désigne par le terme de document tout ce qui peut servir à l'apprentissage (c'est d'ailleurs le sens étymologique, du latin documentum, de docere, «enseigner»). Bien que certains soient conçus dans ce but, les meilleurs ont souvent une autre destination: c'est à l'enseignant de transformer en ressources éducatives textes, objets, images en tous genres.

 


L'enseignant guide l'apprenant; il ne peut ni apprendre à sa place, ni simplement lui «dispenser» son propre savoir. Son expertise consiste à créer des situations d'apprentissage productives et à gérer le parcours de ses élèves.



L'apprentissage est un processus de transformation dans lequel l'élève est engagé. L'acquisition de connaissance et d'habiletés nourrit ce processus sans se substituer à lui. Il ne dépend pas de l'existence d'un cadre institutionnel, et ne se limite pas aux années de scolarisation.


Le domaine, ou champ du savoir (la «matière» scolaire) est multi- ou interdisciplinaire. Les découpages institutionnels, inévitables, sont mitigés par un approche qui cherche à relier les divers domaines de spécialité et à considérer les phénomènes dans leur complexité. Il ne s'agit pas de diluer chaque discipline, mais de l'enrichir et de la renforcer en l'appuyant sur d'autres disciplines.



La technologie recouvre tout appareil mécanique ou électronique qui prolonge les facultés physiques et mentales de l'être humain: un crayon aussi bien que le dernier ordinateur sorti. La question éternelle qui se pose à nous est de déterminer dans quelle mesure la technologie favorise ou facilite l'apprentissage, indépendamment de ses possibilités ou de ses performances.



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