Quel
manuel allons-nous (devrions-nous) utiliser? Répondre à
cette question, que tout enseignant s'est un jour posée, est
d'autant moins simple qu'il existe sur le marché une pléthore
de manuels pour débutants parmi lesquels il peut sembler difficile
de faire un choix. En fait, cette question n'est souvent pas la bonne,
car pour choisir le manuel le plus approprié il faudrait d'abord
déterminer le programme de cours, et non l'inverse.
Les indications qui suivent visent
donc à ébaucher une méthode permettant de sélectionner,
de la façon la plus systématique et la plus rationnelle
possible, le manuel qui sera le mieux adapté au programme de
chacun. Il ne s'agit pas en effet d'établir une hiérarchie
absolue: il n'existe pas, il ne peut pas exister de manuel idéal,
pour la simple raison qu'un manuel est écrit pour un public
moyen hypothétique, et ne saurait donc être employé
de la même façon par tous, avec les mêmes résultats.
Le manuel est un outil;
bien qu'on en trouve de bons et de moins bons, la qualité du
cours dépend toujours de celui qui se sert de cet outil, qui
l'adapte, qui l'interprète. Jamais un excellent manuel ne pourra
pallier les déficiences du professeur, ni celles du programme.
I.
Avant d'examiner les manuels disponibles
Puisque le meilleur manuel est
celui qui s'adaptera le mieux à un curriculum donné,
il faut d'abord avoir élaboré celui-ci. C'est une grave
erreur — hélas fréquente — que de laisser
un manuel dicter la structure du cursus, qui doit refléter
des circonstances et des critères propres à chaque institution.
Il est donc indispensable d'avoir
au préalable établi les grandes lignes de son programme,
devant donner corps à des orientations philosophiques, pédagogiques
et méthodologiques clairement définies. On doit ensuite
se demander quelle place le manuel et ses accessoires vont occuper
dans le cursus, étant donné que, par définition,
aucun manuel n'est adapté à un cursus particulier.
On s'intéressera ici au manuel proprement
dit, c'est-à-dire à un livre; il est certes rarissime
que ce livre ne soit pas accompagné d'un cahier d'exercices,
de CD et DVD audio et vidéo, d'un logiciel d'activités,
etc., mas il faut savoir que ces accessoires ne sont pas nécessairement
produits ni même contrôlés par les auteurs du manuel,
et que leur qualité peut se révéler très
variable. |
II. Examiner le manuel
A) L'Impression d'ensemble
Lorsqu'on aborde un manuel, il
est bon de commencer par le feuilleter pour en tirer une impression
générale qui a son importance: une mise en page aride,
rebutante, ou au contraire trop complexe ou bariolée finira
par poser problème, car le manuel (contrairement à d'autres
livres) servira de compagnon quotidien de l'étudiant, et ses
défauts seront exacerbés par cette fréquentation
assidue.
B) Philosophie et méthodologie
Tout manuel qui se respecte procède
de principes philosophiques et méthodologiques précis
et explicites, qui doivent être énoncés d'emblée,
c'est-à-dire dans l'introduction, ou éventuellement
dans un livret explicatif séparé. Il appartient à
tout un chacun de décider si ces principes correspondent à
ceux formulés dans le cursus, mais la décision ne peut
être prise en connaissance de cause que si l'on dispose de suffisamment
d'éléments d'information.
On se défiera donc tout particulièrement
-
des
manuels qui se disent adaptés à n'importe quelle
approche, ce qui signifie qu'ils ne sont appropriés à
aucune. Produire un manuel exige de faire certains choix méthodologiques
qui en excluent forcément d'autres; prétendre le
contraire relève de la malhonnêteté intellectuelle.
Ceci reste vrai même s'il est toujours possible, grâce
à d'habiles bricolages, d'adapter un manuel à une
approche pour laquelle il n'était pas conçu.
-
des
manuels dont l'introduction méthodologique reste extrêmement
brève; c'est un signe que les auteurs n'ont rien de nouveau
à offrir, et présument qu'il existe une sorte
de méthode par défaut bien connue de tout enseignant,
et qui peut se résumer par une formule ou une expression.
Il faut savoir que, pour des raisons purement commerciales, les
éditeurs n'hésitent pas à faire paraître
des manuels produits à la chaîne, de caractère
particulièrement générique et qui n'ajoutent
absolument rien à ce qui est déja disponible. On
se méfiera tout particulièrement des ouvrages dont
le nom de l'auteur (ou des auteurs) ne figure pas sur la couverture.
C)
La Cohérence interne
Les orientations philosophiques
et méthodologiques précisées dans l'introduction
doivent être mises en ¦uvre dans le corps de l'ouvrage.
Ainsi, une approche qui se veut «communicative» ne devrait
pas proposer des exercices de grammaire camouflés, ou être
organisée en fonction d'une progression exclusivement linguistique.
1. Les Types de structure
Le nombre et la variété des manuels cache en fait un
répertoire réduit de types d'organisation. L'introduction
du manuel devrait exposer clairement de quel(s) type(s) les auteurs
se réclament:
a) Organisation linguistique. La plus traditionnelle, elle
suit une progression de complexité des structures grammaticales.
Avantage: facile à gérer et à contrôler
dans une visée mécaniste. Inconvénient:
cette progression n'est pas établie sur des critères
pertinents quand à l'utilisation naturelle de la langue.
Par exemple, certaines formes du subjonctif, acquises très
tôt par les locuteurs natifs, sont reléguées
en fin de manuel sous prétexte que le subjonctif est plus
«complexe» que l'indicatif. La focalisation sur les phrases
«complètes et correctes» nuit à l'acquisition
d'une compétence fonctionnelle.
b) Organisation indexée sur les niveaux de compétence.
Les échelles de
niveaux mises au point en Amérique par l'association des
professeurs de langues secondes (ACTFL Proficiency Scale),
et en Europe par un consortium international (Cadre Européen
Commun de Référence pour les Langues—CECRL),
déterminent la progression de l'apprentissage en fonction
de ce que l'apprenant peut faire avec la langue. Avantage:
en principe, focalisation sur des tâches plutot que sur des
structures, selon des objectifs bien définis. Inconvénient:
l'échelle ACTFL, conçue à titre expérimental
comme «guide», pour envisager la compétence réelle
(par opposition à une connaissance des règles), a
été abusivement érigée en instrument
de mesure objectif. En pratique, l'enseignement «de compétence»
semble ne pas exclure les méthodes grammaticales traditionnelles,
et reste axé sur la compétence linguistique. De plus,
il recourt systématiquement à l'anglais, ce qui la
rend peu compatible avec un enseignement communicatif ou d'immersion.
Bien que la perspective résolument actionnelle (task-based)
du CECRL permette d'éviter cet écueil, elle a pour
contrepartie un certain flou quand à la manière dont
les diverses tâches peuvent être accomplies. On peut
donc interpréter les niveaux de manière plutôt
communicative — la fin justifiant les moyens, quel que
soit le niveau de langue utilisé — ou de manière
plus traditionnelle, en ramenant l'accomplissement des tâches
à la réalisation de formes morpho-syntaxiques et lexicales
correctes qui, «normalement», servent à les réaliser.
c) Organisation fonctionnelle-notionelle. Progresse en fonction
de notions et de fonctions communicatives à acquérir.
Avantage: c'est sans doute l'option la plus proche d'un mythique
enseignement «communicatif». Inconvénient:
toute hiérarchisation des notions et fonctions reste discutable,
puisqu'elle est susceptible de varier selon les objectifs du cours.
Deplus, fonctions, notions et thèmes sont facilement confondus.
d) Organisation thématique. Rare à l'état
pur, mais présente dans la grande majorité des manuels:
on échappe rarement au chapitre sur «la nourriture»,
«les voyages», etc. Avantage: l'organisation thématique
peut correspondre à un programme de contenu (culturel, historique,
géographique) intégré à la progression
linguistique ou fonctionnelle-notionelle. Inconvénient:
les thèmes servent souvent d'habillage à des objectifs
grammaticaux plutôt que communicatifs.
e) Organisation narrative. C'est une histoire qui sert de
«pré-texte» à l'apprentissage, en introduisant
thèmes, fonctions, et structures au fil de la narration (French
In Action, Destinos). Avantage: quoi que difficile
à réaliser — elle exige des auteurs un véritable
talent d'écrivain —cette approche permet d'ancrer l'apprentissage
dans un cadre réaliste et intéressant, et se prête
particulièrement bien au jeu de rôle et à la
simulation. Inconvénient: il faut suivre la méthode
pas à pas, pour connaître les personnages et les événements
passés, et la centralité de l'histoire risque de provoquer
un effet centripète qui rend les étudiants très
dépendants et limite considérablement les possibilités
de personnalisation de l'apprentissage.
Tout manuel représente une synthèse de ces types (qui
ne sont pas mutuellement exclusifs), avec une dominante plus ou
moins marquée. Après l'avoir identifiée, il
reste à se demander
- si
l'approche correspond bien aux orientations définies dans
la préface;
- si
l'approche correspond aux orientations définies dans son
curriculum.
2.
Les Types d'activités
Chaque approche, chaque méthode
privilégie un ou des types d'activités proposés
aux étudiants. Sans affirmer que tel type d'activité
est intrinsèquement supérieur à tel autre,
on peut néanmoins s'inspirer des recherches les plus récentes
dans le domaine de l'acquisistion des langues secondes pour formuler
les critères suivants:
a) Les activités devraient correspondre aux principes exposés
dans la préface du manuel. Ceci est particulièrement
vrai pour les manuels qui se disent «communicatifs», et
qui ne sauraient se contenter d'exercices de grammaire plus ou moins
habilement déguisés ou «contextualisés».
b) Tous les aspects de la compétence devraient être
sollicités, même s'ils le sont à des degrés
divers: compréhension et production (à l'oral ainsi
qu'à l'écrit), compétence stratégique,
socio-linguistique et culturelle...
c) Les activités devraient créer une variété
de prises de parole ou de situations d'écrit,
en multipliant les rôles communicatifs que les étudiants
sont amenés à prendre.
c) Il est bon d'alterner activités convergentes (c'est-à-dire
dont le résultat est fixé d'avance) et divergentes
(dont le résultat dépend en partie des choix de l'apprenant).
d) Les activités devraient se focaliser alternativement sur
l'apprenant et son univers familier (pour faciliter la compréhension
et la prise de parole) et sur l'univers culturel de la langue-cible
(pour créer des situations de langue authentiques).
e) Les activités devraient simuler des situations de langue
aussi réalistes que possible, en respectant au mieux les
données culturelles d'au moins une communauté où
la langue est parlée. Ceci vaut même pour les «exercices
de grammaire».
f) Dans la mesure du possible, les activités devraient s'appuyer
sur des documents authentiques visuels reproduits dans le manuel,
voire se prêter à une mise en oeuvre légèrement
modifiée par l'apport d'un document distribué par
l'enseignant.
D)
L'Image
Le rôle de l'image
— fixe ou mobile — dans la didactique des langues secondes
est crucial à double titre: c'est souvent elle qui permet la
compréhension sans avoir recours à la langue première,
et qui permet de présenter et de faire saisir certaines réalités
culturelles de façon beaucoup plus directe et efficace qu'une
description ou une explication. Toutefois, l'abondance et la qualité
des illustrations et des vidéos ne doit pas faire illusion
quant à leur valeur didactique:
1.
L'image a-t-elle une valeur autre que décorative ou illustrative?
Les éditeurs se plaignent toujours du manque d'espace et
du coût des reproductions en couleur; raison de plus pour
utiliser l'image judicieusement, et pas seulement pour «faire
joli». On peut donc se demander ce que la présence d'images
sur la page va apporter, ou apporter de plus. Puisque la principale
caractéristique de la vidéo est la mobilité
de l'image, qui permet de montrer l'action et le processus, on ne
devrait jamais se contenter de filmer des gens simplement en train
de parler… or, c'est exactement ce que font de nombreuses
vidéos «pédagogiques»!
2. Quels sont les rapport entre l'image et le texte? Si généralement
l'image «illustre» un texte, elle peut également
apporter le contenu informatif principal, le texte prenant alors
le rôle de légende; ce sont deux cas de complémentarité.
Dans d'autre cas, lorsque texte et image véhiculent la même
information, il y a redondance. Divers modes de la communication
exploitent divers rapports possibles, qu'un manuel devrait reproduire.
Dans une vidéo, l'utilisation du sous-titrage optionnel dans
la langue du film permet de multiples possibilités d'utilisation.
3. L'image est-elle exploitable dans un but didactique? Certaines
des images devraient pouvoir servir de base à des activités
aussi simple que la description et aussi complexe que l'interprétation
de structures culturelles. Il faut donc qu'elles soient claires,
détaillées et culturellement spécifiques.
E)
Les documents authentiques
Les questions liées aux
documents authentiques reproduits dans les manuels recoupent pour
la plupart celles qui se posent à propos de l'image et la vidéo.
Même si, en un sens, reproduire un document sur une page ou
un écran lui ôte sa matérialité, et donc
son authenticité, il n'en reste pas moins que de tels documents
peuvent servir de base à diverses activités plutôt
que de simplement «illustrer» le linguistique. On pourra
donc retenir des critères de
- clarté
- possibilité
d'exploitation comme fondement d'activités
- spécificité
culturelle
- représentativité
des diverses communautés où la langue est parlée
F)
Les conseils d'utilisation
Les conseils d'utilisation ne
sont pas censés faire le travail de l'enseignant à sa
place, mais lui ouvrir des perspectives qu'il n'avait pas forcément
considérées. Comme pour la préface, le nombre
et le détail de ces indications correspond le plus souvent
à la profondeur du projet pédagogique et didactique:
on n'a guère besoin d'expliquer comment faire un exercice structural!
Expliquer comment il convient d'enseigner avec le manuel correspond
donc à un souci de formation de l'utilisateur, et à
une volonté d'éviter la «methode par défaut»
déjà évoquée. Il est important d'en prendre
connaissance avec la plus grande attention pour pouvoir se faire une
idée sur la nature exacte du manuel, et le genre de cours auquel
il se prête.
|
III.
Evaluer les accessoires
Les accessoires sont souvent
le point faible de l'ensemble, parce qu'ils n'ont parfois pas été
produits par les auteurs du manuel ou parce qu'ils sont communs à
plusieurs manuels (cas fréquent chez les grands éditeurs).
En réalité, il s'agit là d'un probléme
assez mineur, puisque ces accessoires représentent surtout
une démarche promotionnelle, encouragée par la concurrence:
nul ne saurait aujourd'hui mettre sur le marché un manuel dépourvu
d'une série video, de logiciels, de centre de ressource en
ligne et autres brimborions. Toutefois, seul l'enseignant totalement
dépourvu d'imagination et/ou réduit à la plus
grande isolation pourrait se contenter de ces accessoires.
A) Le «Cahier d'exercice» ou le logiciel
d'exercice
Complément quasi-indispensable
du manuel, il devrait se conformer aux mêmes critères
que celui-ci quant aux activités proposées, à
l'utilisation des images et des documents authentiques; il ne devrait
donc y avoir aucun décalage méthodologique entre les
deux ouvrages. Le problème le plus fréquent dans les
cahiers est le recours à des exercices très mécaniques
que le manuel évite, parce que l'apprenant les fait seul. Il
est à noter que les approches communicatives favorisent les
cahiers auto-corrigés.
B)
Les documents audio
Généralement utilisées
avec le cahier, elle doivent essentiellement prodiguer à l'apprenant
une source de langage authentique en dehors de la classe. Les enregistrements
devraient reproduire un langage parlé aussi naturel que possible,
et ce dans des segments de longueur variable représentant une
variété de types discursifs, pas seulement des dialogues:
discours, messages de répondeurs, publicités radiophoniques,
etc. Les meilleures font intervenir des locuteurs d'origines régionales,
d'âge et de sexe divers, afin de représenter la diversité
de l'usage d'une langue; elles incorporent aussi des documents sonores
authentiques, comme les émissions de radio.
C)
Les documents
vidéo
Les séries fictionnelles
réalisées exprès pour un manuel sont rarement
bonnes: scénarios ringards, situations convenues, jeu d'acteurs
inepte... Celles qui sont composées de documents authentiques
et/ou d'interviews sont évidemment plus intéressantes,
mais souvent beaucoup plus difficile d'abord. Ce qu'on est en droit
d'exiger, c'est une utilisation judicieuse de ce médium:, on
filme trop souvent des gens en train de parler, ce qui annule les
avantages de la visualisation et du mouvement. Une vidéo didactique
pour débutants devrait comporter une bonne part de redondance
entre le visuel et le linguistique, comme par exemple dans un bulletin
météorologique, où le journaliste montre une
carte tout en expliquant le temps qu'il fait.
D)
Les Transparents
Ils permettent d'utiliser des
ressources visuelles à moindre coût, et surtout de fixer
l'attention des étudiants en la détournant des pages
du livre. Le fait qu'on puisse y écrire et même y rajouter
des couleurs les rend extrêmement pratiques. Dans l'idéal,
certains transparents devraient reprendre les illustrations du manuel,
alors que d'autres devraient être originaux.
E)
Les Logiciels (didacticiels)
Les tout premiers didacticiels
fournis avec les manuels proposaient pour la plupart des exercices
structuraux ou des activités à choix multiples d'un
intérêt très réduit, parfois masqué
par une production haute en couleur. Le problème réside
dans les coûts de production: un bon didacticiel devrait essentiellement
se présenter sous le même format qu'un jeu vidéo
interactif, dont la création exigerait un énorme investissement,
inenvisageable pour un manuel. Autant donc utiliser un jeu vidéo
commercial dans la langue cible — il en existe d'excellents
qui proposent des enquêtes, par exemple — en
l'adaptant à ses besoins.
IV. En Conclusion...
Le manuel idéal n'existant
pas (par définition), on tiendra compte des critères
formulés ci-dessus pour déterminer celui qui s'adaptera
le mieux à ses besoins particuliers. Il faudra naturellement
hiérarchiser ces critères: l'ordre que je suggère
ici ( Philosophie et méthodologie; cohérence interne;
utlisation de l'image et des documents authentiques; accessoires)
pouvant servir de modèle.
Il est important de formaliser
cette hiérarchie à l'avance pour déjouer les
stratégies commerciales des éditeurs qui visent à
impressionner l'utilisateur à partir d'éléments
qui ne sont pas forcément les plus pertinents pour lui. D'autre
part, le meilleur moyen de voir évoluer les manuels dans une
direction que l'on juge souhaitable est de se manifester auprès
des éditeurs; après les chiffres de vente, les commentaires
— élogieux ou critiques — venus d'utilisateurs
réels ou potentiels sont pris très au sérieux
dans l'élaboration d'éditions ultérieures ou
de nouveaux manuels.
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