I.
La Hiérarchie des objectifs
Depuis
les années 1950 et la publication de l'influente étude
sur le rôle des facultés cognitives dans l'apprentissage,
Taxonomy of Educational Objectives, Handbook I: The Cognitive
Domain (Dir. Benjamin S. Bloom, New York: David McKay Co
Inc., 1956), on a pris l'habitude de hiérarchiser les modes
d'apprentissage selon une progression pyramidale allant du plus
simple au plus complexe.
La « Taxinomie de Bloom »
(Bloom's Taxonomy) distinguait ainsi six niveaux :
Connaissance
: arranger, définir, dupliquer, étiqueter, lister,
mémoriser, nommer, ordonner, identifier, relier, rappeler,
répéter, reproduire.
Compréhension
: classer, décrire, discuter, expliquer, exprimer, identifier,
indiquer, situer, reconnaître, rapporter, reformuler, réviser,
choisir, traduire,définir avec ses mots,donner des exemples
Application : appliquer,
choisir, démontrer, dramatiser, employer, illustrer, interpréter,
réaliser, pratiquer, planifier, schématiser, résoudre,
utiliser, écrire.
Analyse : analyser,
estimer, calculer, comparer, contraster, critiquer, différencier,
discriminer, distinguer, examiner, expérimenter, questionner,
tester, cerner, poser un diagnostic
Synthèse
: améliorer, arranger, assembler, collecter, composer,
construire, créer, concevoir, développer, formuler,
gérer, organiser, planifier, préparer, proposer,
installer, écrire.
Évaluation
: arranger, argumenter, évaluer, rattacher, choisir, comparer,
justifier, estimer, juger, prédire, chiffrer, élaguer,
sélectionner,recommander, critiquer
En
2000, cette échelle a été légèrement
modifiée, pour y inclure un nouveau mode, la Création,
qui se substitue à la synthèse (désormais
fusionnée avec l'analyse) et vient se positionner au sommet
de la pyramide (Anderson, L. W., Krathwohl, D.
R., Airasian, P. W., Cruikshank, K. A., Mayer, R. E., Pintrich,
P. R., Raths, J., Wittrock, M. C., A Taxonomy for Learning,
Teaching, and Assessing: A revision of Bloom's Taxonomy of Educational
Objectives. New York, Pearson, Allyn & Bacon, 2000.)
Indéniablement
utiles, de telles hiérarchies sont néanmoins discutables
dans le détail. Par exemple, si l'on conçoit bien
que la connaissance soit d'habitude nécessaire à
la compréhension, il existe des cas où les deux
sont atteintes simultanément, et d'autres où une
compréhension inductive précède la connaissance —
notamment en matière de langage, où la compréhension
et l'application se situent nettement en amont de la connaissance
dans l'apprentissage naturel : on comprend comment fonctionne
sa langue maternelle et on apprend à l'utiliser bien avant
d'avoir « appris la grammaire » et de savoir
ce qu'est un nom, un adjectif, la conjugaison, etc. (concepts
qui seront abordés dans le cadre scolaire).
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