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17  janvier 2022

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Introduction à la communication

Théorie(s) de la communication
Le modèle cybernétique et ses descendants

© 2022 Dr. Guy Spielmann

      Les premières tentatives de théoriser la communication de façon globale—c'est-à-dire sans référence spécifique au langage—sont récentes, et proviennent de mathématiciens. En 1945, Claude Shannon et Warren Weaver (fondateur de la cybernétique) ont proposé un premier modèle qui s'inspire de la transmission des messages par le télégraphe.

C[laude]E. Shannon, "A Mathematical Model of Communication," [part I], Bell System Technical Journal XVII:3 (July 1948), p. 379-423.

     Ce modèle est devenu la base à partir de laquelle les théoriciens allaient bâtir la science de la communication. C'est volontairement ici que la «source d'information» et «destination» remplacent le locuteur et l'interlocuteur humains de la linguistique. Ultérieurement, on a créé les termes d'«émetteur» et de «récepteur», qui continuent d'éviter l'anthopomorphisme, mais peuvent être source d'ambiguïté: lors d'un appel téléphonique, par exemple, l'«émetteur» et le «récepteur» peuvent désigner les appareils utilisés, ou bien des agents humains. Lorsqu'un démarcheur téléphonique m'appelle pour essayer de me vendre un produit quelconque, la source est la compagnie qui l'emploie ; et s'il m'appelle non à titre personnel, mais pour vendre un produit à la compagnie pour laquelle je travaille, nos employeurs respectifs constituent la source et la destination, nous sommes l'émetteur et le récepteur—mais du point de vue de la cybernétique, nos téléphones sont également émetteur et  récepteur.
        Shannon identifie également une « source de bruit », c'est-à-dire tout ce qui peut causer une interférence : du bruit au sens le plus commun (de nature accoustique), mais aussi parfois une interférence visuelle ou un problème purement technique (la ligne est coupée lors d'un lors d'un appel téléphonique).
     Les modèles ultérieurs introduisent un nouvel élément, le code, c'est-à-dire, du système signifiant qui est utilisé pour donner forme au message. L'envoi et la réception se manifestent donc par les opérations d'(en)codage et de décodage, qui au départ étaient considérées comme deux réalisation inverses d'un même processus. Ici encore, une ambiguïté subsiste : l'émétteur humain encode son message à l'aide du language et d'autres systèmes signifiants, mais dans le cas d'un appel téléphonique (ou d'une vidéoconférence…) l'appareil effectue son propre encodage (analogue ou numérique) pour pouvoir transmettre le message à un autre appareil, qui a son tour le décode pour le rendre compréhensible. Et lorsque les communicants échangent des messages écrits, un second codage se superpose à l'expression linguistique.
     Finalement, on a ajouté le canal, le moyen par lequel la transmission du message s'effectue, et l'environnement, par quoi l'on désigne l'ensemble des circonstances entourant l'acte communicatif.
     Le principal défaut du modèle de Shannon résidait dans son caractère unilatéral, dû sans doute à la notion erronnée de la «passivité» du récepteur (qui est pourtant loin d'avoir disparu). Il fallait donc compléter le modèle pour en faire une boucle, au moyen d'une rétroaction (feedback) du récepteur sur l'émetteur.