C[laude]E. Shannon, "A Mathematical Model of
Communication," [part I], Bell System Technical
Journal XVII:3 (July 1948), p. 379-423.
Ce modèle est devenu la
base à partir de laquelle les théoriciens allaient
bâtir la science de la communication. C'est
volontairement ici que la «source d'information» et
«destination» remplacent le locuteur et
l'interlocuteur humains de la linguistique.
Ultérieurement, on a créé les termes d'«émetteur» et
de «récepteur», qui continuent d'éviter
l'anthopomorphisme, mais peuvent être source
d'ambiguïté: lors d'un appel téléphonique, par
exemple, l'«émetteur»
et le «récepteur» peuvent désigner les appareils
utilisés, ou bien des agents humains. Lorsqu'un
démarcheur téléphonique m'appelle pour essayer de
me vendre un produit quelconque, la source est la
compagnie qui l'emploie ; et s'il m'appelle non à
titre personnel, mais pour vendre un produit à la
compagnie pour laquelle je travaille, nos
employeurs respectifs constituent la source et la
destination, nous sommes l'émetteur et le
récepteur—mais du point de vue de la cybernétique,
nos téléphones sont également émetteur
et récepteur.
Shannon identifie également une « source de bruit
», c'est-à-dire tout ce qui peut causer une
interférence : du bruit au sens le plus commun (de
nature accoustique), mais aussi parfois une
interférence visuelle ou un problème purement
technique (la ligne est coupée lors d'un lors
d'un appel téléphonique).
Les modèles ultérieurs
introduisent un nouvel élément, le code,
c'est-à-dire, du système signifiant qui est utilisé
pour donner forme au message. L'envoi et la
réception se manifestent donc par les opérations d'(en)codage
et de décodage, qui au départ étaient
considérées comme deux réalisation inverses d'un
même processus. Ici encore, une ambiguïté subsiste :
l'émétteur humain encode son message à l'aide du
language et d'autres systèmes signifiants, mais dans
le cas d'un
appel téléphonique (ou d'une vidéoconférence…)
l'appareil effectue son propre encodage (analogue
ou numérique) pour pouvoir transmettre le message
à un autre appareil, qui a son tour le décode pour
le rendre compréhensible. Et lorsque les
communicants échangent des messages écrits, un
second codage se superpose à l'expression
linguistique.
Finalement, on a ajouté le
canal, le moyen par lequel la transmission du
message s'effectue, et l'environnement, par
quoi l'on désigne l'ensemble des circonstances
entourant l'acte communicatif.
Le principal défaut du
modèle de Shannon résidait dans son caractère
unilatéral, dû sans doute à la notion erronnée de la
«passivité» du récepteur (qui est pourtant loin
d'avoir disparu). Il fallait donc compléter le
modèle pour en faire une boucle, au moyen d'une rétroaction
(feedback) du récepteur sur l'émetteur.
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