AU
XVIIe
siècle, la France reste découpée selon des frontières
intérieures héritées de l'époque féodale. Chaque
province—successivement nommées «gouvernements» et
«généralités»—correspond à peu près à un duché ou un
comté médiéval, et connaît un régime administratif qui
peut différer de ses voisines de façon très
significative. En
1715, la France était administrée par trente et un
intendants de justice, de police et de finances.
Treize d'entre eux administraient des pays d'états
ou des provinces nouvellement annexées. Les
dix-huit autres étaient à la tête des pays
d'élection proprement dits : les généralités
de Paris, Amiens (Picardie et Artois), Soissons,
Châlons-sur-Marne (Champagne), Lyon, Montauban,
Bordeaux (Guyenne), Limoges, Poitiers, La
Rochelle, Orléans, Tours, Bourges, Moulins, Riom
(Auvergne), Rouen, Alençon et Caen. L'une
des fonctions les plus importantes de cette
subdivision administrative est la collecte de l'impôt,
qui s'effectue selon trois modalités:
En
vert, les «pays d'élection», c'est-à-dire
les provinces où l'impôt est
directement perçu par des officiers de
l'Etat, les «élus» (qui en réalité ne sont
pas élus, mais ont acheté leur charge),
ou, plus tard, les intendants.
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En
jaune, les «pays d'état», c'est-à-dire les
provinces qui disposent d'un parlement
régional (ou «état»), qui vote la contribution
fiscale |
En
orange, les «pays d'imposition»,
c'est-à-dire les provinces récemment
rattachées à la couronne de France, et qui
subissent une imposition directe.
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La ligne rouge en
pointillés indique la limite entre le droit écrit
(droit romain) dans la moitié sud du pays, et droit
coutumier dans la moitié nord.
A ces grandes divisions
s'ajoutent une infinité de subdivisions héritées du
passé, ce qui crée de nombreux chevauchements et rend
difficile une administration uniforme du royaume,
d'autant plus que l'État, depuis 1604 (institution de
la «paulette»), continue de créer des fonctionnaires
en vendant des offices, dont certains permettent à de
riches bourgeois de devenir nobles (et donc d'être
exemptés d'impôts directs)
Ces disparités dureront
jusqu'à la chute de l'Ancien Régime; à la suite de la
Révolution, les provinces seront remplacées par des
départements, de taille sensiblement égale et relevant
d'un seul modèle administratif.
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