Guide de la phrase complexe

© 2023 Dr. Guy Spielmann 


Rappels: Qu'est-ce qu'un texte? Une phrase? La phrase simple  
La phrase complexe

L'apposition
L'interjection
La coordination
La subordination
Les conjonctions de subordination
Les prépositions et locutions prépositives
Les adverbes et locutions adverbiales
Les pronoms relatifs
Le gérondif

La construction de la phrase
La topicalisation
L'élaboration de la phrase
Pour renforcer une phrase

L'analyse de la phrase
Les catégories grammaticales

 Cartes et schémas disponibles sur le site de grammaire française BEPP de l'université Laval à Québec

 Rappels: Qu'est-ce qu'un texte? Qu'est-ce qu'une phrase?

     Comme la plupart des notions apparemment intuitives, celle de texte et de phrase sont à la fois évidentes à comprendre dans le contexte de l'usage courant, et quasiment impossibles à définir de façon formelle. Sans donc entrer dans les diverses théories qui se proposent de le décrire ou d'en expliquer le fonctionnement, nous dirons qu'un texte est un ensemble d'énoncés (d'unités du discours) qui présente une certaine cohérence du point de vue de la production et/ou de la réception, et qui peut être saisi et compris («lu») comme un tout indépendant. Dans la plupart des textes écrits, les énoncés sont des phrases, groupées en paragraphes (prose narrative), tirades (théâtre), strophes ou versets (poésie).
     Un texte peut donc ne comporter que quelques mots—une petite annonce, la légende d'une photo, un haiku—ou plusieurs millions—Guerre et paix, A la recherche du temps perdu, l'annuaire du téléphone. Il présente généralement une fonction communicative identifiable (informative, expressive, délibérative, narrative, etc), et se range souvent dans un type, déterminé par des critères de forme (d'ailleurs relativement variables) plutôt que de fonction: essai, sonnet, roman, compte-rendu, éloge funèbre, dissertation, rapport de police, tragédie, liste de courses, notice d'utilisation, etc.
     De même, la phrase peut se définir intuitivement comme l'unité du langage supérieure au mot et qui contient au moins un verbe conjugué. Cette définition—extrêmement problématique en réalité—est celle de la grammaire traditionnelle, que nous retiendrons ici provisoirement pour sa valeur opératoire. A l'écrit, on peut considérer qu'une phrase est une séquence de mots qui se trouve entre deux points (y compris le point d'exclamation et d'interrogation), définition empirique mais qui a le mérite de bien fonctionner pour l'identification.

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 La phrase simple
       Du point de vue technique de la production, le texte écrit non-poétique se compose donc de phrases, qui peuvent être regroupées en unités intermédiaires (le paragraphe, le chapitre...). Cela ne veut pas dire pour autant qu'il suffise de produire une série de phrases pour faire un texte, car la composition du texte obéit à certaines exigences de cohérence interne, d'équilibre, d'organisation des énoncés—variables selon le genre.

     La phrase, dans sa forme la plus élémentaire, correspond à une proposition (ou «phrase simple») constituée par l'association d'un sujet (ce dont on parle) et d'un prédicat (ce qu'on dit sur le sujet) qui inclut généralement un verbe et ses compléments.


P H R A S E
«Le président a prononcé un discours devant l'assemblée»

Sujet

Prédicat

Groupe Nominal

Groupe verbal

Complément circonstanciel (prépositionnel)

Groupe verbal

Complément d'objet direct (COD)

Le président

a prononcé

un discours

devant l'assemblée



Il ne faut pas confondre la longueur d'une phrase et sa complexité; ainsi, on peut ajouter toutes sortes de compléments ou d'adjectifs qui enrichissent le sujet et le prédicat sans changer le statut de la phrase elle-même. La phrase suivante n'est donc pas structurellement plus complexe que la précédente:

Soucieux de donner une image positive de son ambitieuse politique monétaire et fiscale, le président a prononcé hier soir vers les dix-huit heures un discours particulièrement bien reçu devant l'assemblée nationale en pleine crise de confiance.


Le principe général peut donc se résumer ainsi : une phrase est simple si elle ne comportre qu'un seul verbe; elle est complexe lorsqu'elle comporte pusieurs verbes.

Voir la carte et le schéma de la phrase verbale (Ressource BEPP/Laval) - L'analyse de la phrase

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 La phrase complexe

     
Une phrase est complexe lorsqu'elle comporte plus d'un verbe. Plusieurs possibilités sont envisageables:

— Deux propositions juxtaposées, c'est-à-dire rattachées par la ponctuation seulement: « Je ne sortirai pas aujourd'hui: il fait bien trop froid. »

— Deux propositions coordonées par une conjonction de coordination: « Je ne sortirai pas aujourd'hui, car il fait bien trop froid. »

— Une proposition principale, et une proposition subordonnée infinitive: « Je n'aime pas sortir par temps froid. »

— Une proposition principale, et une proposition subordonnée compléitive: « Je pense que le froid est mauvais pour ma santé

— Une proposition principale, et une proposition subordonnée relative: « J'aime bien le temps  que nous avons ces jours-ci

— Une proposition principale, et une proposition subordonnée circonstancielle: « Je sortirai 
bien que le temps soit assez froid. »

— Une proposition principale, et une proposition subordonnée participlale: «  Le temps s'étant radouci, je sortirai ce soir. »

— Une proposition principale, et une proposition subordonnée gérondive: «  Vous irez plus vite en prenant un taxi. »

Afin de combiner correctement les propositions (P1, P2, P3...) il faut:


1.  déterminer si le sujet des deux propositions est le même, auquel cas on évitera de le répéter.

2.  décider quel est le rapport conceptuel entre les deux propositions: par exemple, addition (P1 s'ajoute à P2), contradiction (P1 s'oppose à P2), cause ou conséquence (P1 explique P2, ou vice-versa), etc.

3. déterminer si les phrases doivent être hiérarchisées—c'est à dire si ce qu'elles expriment a plus ou moins d'importance pour l'énonciateur—, auquel cas on procèdera à une subordination; si elles sont de valeur égale, elles peuvent être simplement coordonnées.

4. déterminer comment on peut matérialiser ce rapport: conjonctions de coordination et de subordination, pronoms relatifs, prépositions et locutions prépositives (avec l'infinitif), adverbes et locutions adverbiales (après une ponctuation forte).

5. vérifier qu'on a bien opéré tous les ajustements nécessaires pour que la nouvelle phrase soit correcte et cohérente: harmoniser les temps verbaux («concordance des temps»), supprimer les éventuelles répétitions (en utilisant des pronoms, par exemple), etc.

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 L'apposition

     L'apposition consiste à compléter un nom ou un pronom (sujet ou objet) par un adjectif, un groupe adjectival ou un groupe nominal, simplement à l'aide de virgules.

Le professeur a donné une excellente note à l'étudiant.
Pleinement satisfait de ses réponses, le professeur a donné une excellente note à l'étudiant.

Louis XIV a fait construire le palais de Versailles.
Louis XIV, le roi soleil, a fait construire le palais de Versailles.

On a trouvé un tableau de Van Gogh encore inconnu.
On a trouvé un tableau de Van Gogh encore inconnu, oublié dans un grenier.

Il faut veiller à ce que ce qui est mis en apposition se rattache manifestement au (pro)nom qu'il complète:

?N'ayant plus un centime, Paul a dû prêter à son frère de quoi payer son loyer.

Cette phrase est incohérente, car elle signifie que Paul n'a plus un centime et qu'il a prêté de l'argent à son frère; en réalité, c'est le frère de Paul qui n'a plus un centime. Il faudrait donc écrire:

N'ayant plus un centime, le frère de Paul a dû lui emprunter de quoi payer son loyer.

ou abandonner l'apposition pour utiliser une proposition participiale:

Le frère de Paul n'ayant plus un centime, ce dernier a dû lui prêter de quoi payer son loyer.

L'interjection (ou insertion)

     L'interjection consiste à insérer dans une phrase un mot, un groupe de mot, ou même une autre phrase sans conjonction de subordination:

Faute de clients, nous avons dû, hélas, fermer la boutique.

Mon accident, Dieu merci, ne m'a laissé aucune séquelle.

Ce restaurant très renommé, entre nous soit dit, ne mérite vraiment pas sa réputation.

Cette solution ne fonctionne qu'avec certains mots (nommés «interjections») et des formules figées, comme dans les exemples ci-dessus. Les parenthèses et les tirets sont parfois nécessaires pour ne pas provoquer de rupture de syntaxe.

Les plus grandes villes de France (Paris, Marseille et Lyon) connaissent les mêmes problèmes sociaux concentrés dans les banlieues.

Le pape a appelé à la réconciliation—mais pouvait-il en faire autrement ?—entre les deux communautés qui se déchirent.

La coordination

     Lorsque des propositions sont sur le même plan, et qu'il n'existe entre elles aucune hiérarchie, on peut utiliser les conjonctions de coordination, de préférence après une virgule:

  • mais (contradiction)
  • ou (alternative)
  • et /ni (addition)
  • donc (conséquence)
  • or (contraste)
  • car (cause)
  • Ainsi, à partir de

    (1) «Le président a prononcé un bon discours

    et

    (2) «Le président n'a pas convaincu les députés

    on peut faire la phrase suivante:

      «Le président a prononcé un bon discours, mais il n'a pas convaincu les députés

    Il est possible d'utiliser une conjonction de coordination même si le sujet change, mais il faut bien faire attention à ce que les propositions soient équivalentes. Ainsi,

    «Le président a prononcé un bon discours, mais les députés n'ont pas eu l'air convaincu.»

    est tout à fait licite, alors que

    ?? «Le président a prononcé un bon discours, mais les membres de son propre parti avaient exprimé des doutes sur sa capacité à gouverner.»

    n'est pas satisfaisante, car non seulement le sujet et le temps, mais la relation de contradiction ont changé par rapport au premier exemple. Le doute des membres du parti n'a pas d'incidence sur la qualité du discours: il constitue un élément d'information qui permet de comprendre que, selon l'énonciateur, la qualité du discours donne tort à des jugements négatifs portés sur le président, mais sans rapport direct avec la prononciation du discours. Dans les phrases précédentes, en revanche, il était question de l'effet immédiat produit par le discours sur l'auditoire.

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     La subordination

         Lorsque les propositions ne sont pas parallèles ou équivalentes, il faut recourir à la subordination, c'est-à-dire les organiser hiérarchiquement à partir de l'idée centrale de la phrase que représente la proposition principale:

    proposition principale

    conjonction  de subordination

     proposition subordonnée
    Le président a prononcé un bon discours,
    bien que
    les membres de son propre parti eussent exprimé des doutes sur sa capacité à gouverner.

    Les conjonctions de subordination
           
    Pour construire cette phrase, on a utilisé la conjonction de subordination, «bien que», et il a fallu modifier le mode du verbe de la subordonnée (eussent exprimé , imparfait du subjonctif, à la place du plus-que-parfait de l'indicatif).

         Ici, la prononciation du discours par le président constitue «l'idée principale», le point de focalisation de cette phrase, mais principale et subordonnée peuvent parfois facilement s'intervertir; il n'y a ainsi pas grande différence entre «Bien que le président ait prononcé un bon discours, les députés n'ont pas été convaincus.» et «Bien que les députés n'aient pas été convaincus, le président a prononcé un bon discours

    Par contre, dans une phrase comme

    «Bien qu'il fasse mauvais, je vais faire une promenade.»

    le point de focalisation ne peut pas être simplement renversé

    ?? «Bien que j'aille faire une promenade, il fait mauvais.»

    En effet, il existe une contrainte de subordination entre ces deux propositions parce que le temps qu'il fait peut être un facteur dans ma décision de sortir en promenade, alors que ma décision de sortir en promenade n'a évidemment aucune incidence sur le temps qu'il fait.

         De même, on ne peut pas intervertir la focalisation de la phrase «Le président a prononcé un bon discours, bien que les membres de son propre parti eussent exprimé des doutes sur sa capacité à gouverner », car la contradiction exprimée dans la subordonnée se double d'une antériorité: l'expression des doutes précède le discours.

    Quelques conjonctions de subordination:

    Cause: comme, parce que, puisque, étant donné que, vu que, sous prétexte que (indicatif)
    But: afin que, de façon à ce que, de manière que, pour que (subjonctif)
    But négatif (lorsqu'il s'agit d'éviter une certaine conséquence) de peur/crainte que (subjonctif)
    Comparaison: comme, de même que, ainsi que, plus/moins que (indicatif)
    Concession: quoique, quoi que, bien que, malgré que (subjonctif)
    Restriction: même si (indicatif ), encore que, en admettant que (subjonctif)
    Restriction alternative: tandis que, alors que (indicatif)
    Condition: si, même si (indicatif), au cas où (conditionnel), à condition que, pourvu que, à supposer que (subjonctif)
    Condition négative: à moins que (subjonctif), sauf si, faute de quoi (indicatif)
    Simultanéité: au moment ou, en même temps que, pendant que, tandis que, alors que, lorsque, quand (indicatif)
    Antériorité: avant que, jusqu'à ce que, en attendant que (subjonctif)
    Postériorité: après que, dès que, aussitôt que, une fois que (indicatif)
    Proportion: à mesure que, chaque fois que, toute les fois que (indicatif)
    Conséquence: a tel point que, si bien que, au point que, de sorte que, de façon que, si/tellement/tant... que (indicatif)

    Toutes les conjonctions de subordination admettant l'indicatif admettent également le conditionnel, sauf «(même) si»
    Voir la Carte des conjonctions (ressource BEPP/Laval)

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     Les prépositions et locutions prépositives
             
    Lorsqu' on lie deux propositions qui ont le même sujet et dont les verbes sont au même mode/temps, il est préférable de remplacer la conjonction de subordination par une préposition ou une locution prépositive lorsque cela est possible; le verbe de la subordonné se met alors à l'infinitif et son sujet y est omis:

    J'arrive au bureau très tôt afin que mon patron puisse admirer ma ponctualité.
    conjonction de subordination + subjonctif

    mais

    Je me lève très tôt afin de pouvoir arriver au bureau à l'heure.
    préposition + infinitif

    On parle alors de proposition subordonnée infinitive.

    Quelques prépositions et locutions prépositives suivies de l'infinitif:

      Cause: pour (avec l'infinitif passé)
      But: afin de, de façon à, de manière à, pour, dans le but de, de sorte à, sous prétexte de
      But négatif (lorsqu'il s'agit d'éviter une certaine conséquence) de peur/crainte de
      Exclusion: sans
      Contraste: loin de
      Conséquence négative: à défaut de, faute de
      Substitution: au lieu de, plutôt que de
      Condition: à condition de
      Condition négative: à moins de, sauf à
      Antériorité: avant de, en attendant de
      Postériorité: après (avec l'infinitif passé)
      Conséquence: a force de, au point de, jusqu'à
      Alternative: Quant à

    Il est important de noter que l'emploi des conjonctions et des prépositions n'est pas toujours parallèle, même s'il suffit parfois de passer du «que» au «de» et de mettre le verbe à l'infinitif. D'autre part, le sens peut changer d'un emploi à l'autre: par exemple, jusqu'à ce que a une valeur temporelle neutre, alors que jusqu'à + infinitif indique le résultat (généralement négatif) d'un processus: «Il a travaillé jusqu'à ce que la bibliothèque ferme», mais «Il a travaillé jusqu'à ne plus pouvoir garder les yeux ouverts».

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    Les adverbes et locutions adverbiales
            
    Après une ponctuation forte (; : —), dans une phrase longue et/ou comportant déja plusieurs propositions, on indique le rapport entre deux propositions à l'aide d'adverbes et de locutions adverbiales placés immédiatement après la marque de ponctuation, et suivis d'une virgule:

    «Soucieux de donner une image positive de son ambitieuse politique monétaire du franc fort, le président a prononcé hier soir vers les dix-huit heures un discours plein d'enthousiasme; cependant, les députés n'ont pas eu l'air très impressionné.»

    Certains (signalés par * ci-dessous) peuvent ne pas figurer immédiatement après la marque de ponctuation et se placer après le verbe ou l'auxilliaire:

    Soucieux de donner une image positive de son ambitieuse politique monétaire, le président a prononcé hier soir vers les dix-huit heures un discours plein d'enthousiasme; les députés n'ont cependant pas eu l'air très impressionné.

    Quelques adverbes et locutions adverbiales:

    Comparaison: de même, de la même manière, d'une façon semblable
    Concession: toutefois*, néanmoins*, cependant*, pourtant*
    Restriction: certes*, bien sûr*, malgré tout*, en tous cas*
    Alternative: d'autre part*, d'un autre côté, d'ailleurs*
    Condition: dans ce cas*, dans ces conditions
    Simultanéité: dans un même temps, pendant ce temps, dans l'intervalle
    Antériorité: auparavant, jusque là, jadis*, naguère*, il y a peu/longtemps,(jusqu'à) récemment*
    Postériorité: alors*, ensuite*, enfin*, par la suite, désormais*
    Addition: d'ailleurs*, de plus, en outre*, qui plus est
    Conséquence: dès lors*, par conséquent*, ainsi*, d'où (+ nom), de ce fait
    Explication: en d'autres termes, autrement dit
    Cause: de fait, en effet

    Note 1: «Aussi» exprimant l'addition ne peut pas s'utiliser en début de phrase. Dans cette position, et suivi de l'inversion verbe-sujet, il exprime la conséquence:

    En dépit de ses efforts, le président n'a pas réussi à convaincre les députés; aussi doit-il maintenant changer de tactique.

    Note 2: Les adverbes ne peuvent pas tous se placer ainsi en début de phrase (c'est le cas de «notamment», «particulièrement», «tristement», etc), mais peuvent être remplacés par des locutions («En particulier», «Il est triste de constater que...»).
    Note 3: Il faut faire attention de ne pas utiliser les adverbes et locutions adverbiales après une virgule, comme s'ils étaient des conjonctions

    Note 4: Il faut faire attention de ne pas couper artificiellement une phrase très courte avec une ponctuation forte. Ainsi,

    ?? «J'étais très malade hier; par conséquent, mon patron m'a dit de rester chez moi.»

    est une phrase grammaticalement correcte mais stylistiquement mauvaise, à laquelle on préférera:

    «J'étais très malade hier, si bien que mon patron m'a dit de rester chez moi.»

    ou encore:

    «J'étais si malade hier que mon patron m'a dit de rester chez moi.»

    Voir la carte et le schéma des catégories d'adverbes (Resource BEPP/Laval)

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     Les pronoms relatifs
         Les pronoms relatifs permettent de créer des propositions subordonnées relatives où ils prennent la fonction qu'aurait leur référent: qui (sujet ou objet non-humain introduit par une préposition); que (objet direct); dont (objet ou compément introduit par «de»); (complément de lieu ou de temps); quoi (objet non-humain introduit par une préposition), souvent remplacé par préposition + lequel / laquelle.

    Le député qui a pris la parole s'appelle Dubois.

    Je n'ai rien compris au discours que j'ai entendu hier.

    J'ignore les problèmes dont vous me parlez.

    C'est le village j'ai passé ma jeunesse.

    J'ignore ce à quoi il faut s'attendre.

    Je te donnerai le code sans lequel il est impossible d'entrer.

    Voir le guide des pronoms relatifs (sur ce site) et la Carte des pronoms (Resource BEPP/Laval)

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     Le gérondif
           
    Le gérondif est constitué par l'association de la préposition «en» et d'un verbe au participe présent. C'est une forme très utile pour exprimer:

    1. la simultanéité entre deux actions. Il peut donc remplacer une coordination avec «et», ou une subordination avec «en même temps que», «alors que»:
    Elle siffle et elle travaille —> Elle siffle en même temps qu'elle travaille --> Elle siffle en travaillant.
    Il est arrivé et il souriait —> Il est arrivé en souriant.

    2. la manière
    Il parle en baissant les yeux.
    Nous dansions en faisant attention de ne pas marcher sur les pieds de l'autre.

    3. le moyen
    En votant la loi contre l'immigration, le député a révélé ses véritables sentiments.
    Le président veut arrêter la montée du chômage en favorisant l'emploi des jeunes.

    4. le rapport de cause à effet
    En publiant un livre qui violait le secret médical, le Dr. Gubler s'est attiré de violentes critiques.
    En voulant ignorer le problème, vous ne faites que l'aggraver.

    Le participe est l'un des six modes de la conjugaison verbale. Le participe présent se forme en ajoutant «-ant» au radical du verbe («-issant» pour les verbes du 3eme groupe comme «finir»).
    La forme du gérondif est invariable; seule la préposition «en» peut être utilisée. Les autres prépositions (sans, avec, par... exigent l'infititif.

    Le sujet (non exprimé) du verbe qui est mis au gérondif doit être le même que celui du verbe de la proposition principale.

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     La construction de la phrase

          Il y a deux manières d'aborder la construction d'une phrase: la première, mécanique, consiste a s'assurer que la phrase comporte bien les éléments nécessaires, arrangés dans le bon ordre et obéissant à toutes les règles morphologiques et syntaxiques de la langue. La seconde s'attache au sens de la phrase, et en particulier à la topicalisation, c'est à dire au choix d'un topique, d'un centre d'intérêt, sur lequel on formulera un commentaire.

    La topicalisation
            
    Dans les phrases les plus simples, le topique correspond au sujet—ce dont on parle—et le commentaire au prédicat—ce qu'on veut dire du sujet; au niveau du texte, cependant, il faut se poser la question d'une façon différente. Soient par exemples les phrases suivantes:

    (1) Alain Juppé est premier ministre.
    (2) Alain Juppé a fait des réformes.
    (3) Pourtant, la politique d'Alain Juppé provoque la méfiance chez les Français.
    (4) C'est pourquoi Alain Juppé a essayé de gagner la sympathie de ses concitoyens.
    (5) Dans ce but, Alain Juppé a publié un livre.
    (6) Le livre de Juppé, Entre nous, est écrit sur un ton très familier.
    (7) Pendant ce temps, le climat social continue de se dégrader.

    Même s'il il y a ici a priori sept phrases qu'on pourrait simplement mettre en séquence, on doit se rendre compte qu'il n'y a en réalité qu'un topique (Alain Juppé) et plusieurs commentaires (qui est Juppé, ce qu'il a fait, pourquoi, etc.). Si l'on prend donc «Alain Juppé» comme sujet d'une phrase possible, il faut décider quel en serait le prédicat, c'est-à-dire déterminer laquelle des propositions suivantes apporte l'information la plus riche, la plus pertinente, la plus centrale à la phrase.

         On constate que (1) et (2) fournissent un supplément de définition du sujet lui-même, alors que (3) et (4) indiquent les motivations de l'écriture d'un livre, et que (6) décrit ce livre. Quant à (7), elle indique une circonstance liée à la publication du livre, mais de façon périphérique. Il semble clair que le centre d'intérêt réside dans la publication du livre et qu'on peut faire de (5), «a publié un livre» le prédicat d'une phrase dont le noyau est constitué de «Alain Juppé a publié un livre». Logiquement, il faut donc chercher à construire une seule phrase.
     
    L'élaboration de la phrase
            
    Il n'y a pas de formule toute faite pour construire une phrase, mais une palette de techniques parmi lesquelles il faut choisir la plus adaptée à ce qu'on cherche à dire. Ici, nous commençons avec la phrase simple sujet + prédicat:

    Alain Juppé a publié un livre

    1. la mise en apposition permet de qualifier un nom.

    «Alain Juppé, premier ministre, a publié un livre écrit sur un ton très familier»

    2. la nominalisation permet de transformer une proposition en un seul nom.

    «Alain Juppé, premier ministre réformateur, a publié un livre écrit sur un ton très familier»

    3. la subordination relative permet d'intégrer à la phrase une proposition qui a un (pro)nom en commun avec elle.

    «Alain Juppé, premier ministre réformateur dont la politique provoque la méfiance chez les Français, a publié un livre écrit sur un ton très familier.»

    4. la subordination infinitive permet d'intégrer à la phrase une proposition qui a le même sujet qu'elle.

    «Alain Juppé, premier ministre réformateur dont la politique provoque la méfiance chez les Français, a publié un livre écrit sur un ton très familier pour essayer de gagner la sympathie de ses concitoyens

    5. la subordination avec une conjonction permet d'intégrer à la phrase une proposition qui a un sujet différent.

    «Tandis que le climat social continue de se dégrader, Alain Juppé, premier ministre réformateur dont la politique provoque la méfiance chez les Français, a publié un livre écrit sur un ton très familier pour essayer de gagner la sympathie de ses concitoyens.»

    On constate que ces stratégies correspondent à diverses structures de départ:

    1. la mise en apposition s'utilise pour remplacer les structures du type [A est B], [A, qui est B,...] ou [il y a un A qui est B].
    2. la
    nominalisation s'utilise pour remplacer les structures du type [A fait B], [A, qui fait B,...] ou [il y a un A qui fait B].
    3. la
    subordination relative
    s'utilise lorsque deux propositions ont un (pro)nom en commun.
    4. la
    subordination infinitive s'utilise pour marquer une relation de hiérarchisation entre les prédicats des deux phrases de départ, qui ont le même sujet: «essayer de gagner la sympathie de ses concitoyens» exprime la cause de «a publié un livre».
    5. la
    subordination avec une conjonction s'utilise pour marquer une relation de hiérarchisation entre les topiques des deux phrases de départ: «le climat social continue de se dégrader» indique une circonstance de «Juppé a publié un livre», avec une nuance de contradiction: la publication du livre, en dépit de l'intention de l'auteur, n'a pas arrêté la dégradation du climat social.

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     Pour renforcer une phrase
            
    Le contenu informationnel de la phrase et son impact seront d'autant meilleurs que celle-ci est claire, précise, et fortement structurée. A cette fin, on doit systématiquement appliquer les principes suivants:

    Sur le plan du vocabulaire

    1. Évitez absolument les mots passe-partout, génériques et vagues: «chose» (à proscrire absolument, sauf dans les expressions idiomatiques), «personne», «homme/femme», «gens»; les verbes «faire», «être», «avoir», «dire», «aller», les adjectifs «important», «fort», «spécial», «bon; les quantificateurs «beaucoup de», «peu de». Remplacez-les par une dénomination exacte et adaptée au contexte:

    une chose : un objet, un appareil, un élément, une activité, un article, etc.
    une personne : un individu, un Français moyen, un électeur, un salarié, etc.
    les gens : le public, les téléspectateurs, la population, les Français, l'opinion, etc.
    faire : accomplir, effectuer, se livrer à, réaliser, pratiquer, etc
    être : constituer, représenter, correspondre à, s'identifier à, etc.
    avoir : comporter, détenir, posséder, présenter, etc.
    dire : déclarer, affirmer, répliquer, annoncer, etc
    aller : se rendre, se déplacer, transiter, etc
    important
    : crucial, central, indispensable, signifiant, notable, à retenir, etc.
    fort : imposant, puissant, inébranlable, affirmé, prononcé, etc.
    spécial : hors du commun, exceptionnel, insolite, remarquable, etc.
    bon
    : de qualité, valable, solide, etc.
    beaucoup de : (un grand) nombre de, la plus grande partie de, une majorité de, énormément de, etc.
    peu de : un petit nombre de, une minorité de, une poignée de, presque aucun, etc.

    Ces mots ne sont pas de simples synonymes qu'on peut mécaniquement substituer les uns aux autres. Vérifiez leur sens exact dans un dictionnaire, et déterminez celui qui semble le plus approprié dans un contexte donné.


    2. Utilisez les mots dans leur sens propre et précis, et non pas selon l'usage relâché de la conversation quotidienne ou des media. Par exemple, «unique» signifie «qui n'existe qu'en un seul exemplaire», ce qui est différent d'«exceptionnel», de «remarquable», d'«incroyable», d'«extraordinaire», etc. Chacun de ces termes offre une nuance sémantique qui le rend différent des autres, même si leur sens reste proche.

    3. Faites attention aux tautologies et aux pléonasmes, c'est-à-dire aux formules qui n'expriment qu'une évidence: «un cadeau gratuit» (il l'est par définition, sinon ce n'est pas un cadeau), «cette personne est unique» (elle l'est par définition, sauf s'il s'agit d'un clone!), «les pays du monde» (où y a-t-il des pays, à part notre monde?), «prévoir d'avance», «monter en haut», etc.

    Sur le plan de la structure

    1. Essayez d'éliminer les verbes conjugués, qui alourdissent la phrase, en

    a) les supprimant complètement, dans le cas d'«être» et d'«avoir»,
    - surtout dans les formules du type [être + adjectif] où une apposition est possible
    - après certaines conjonctions de subordination comme bien que, même (si), parce que puisque, encore que: «bien qu'il soit fatigué, il travaille» —> «bien que fatigué, il travaille»)
    - dans les formules du type [homme/personne qui a ....], souvent nominalisables: «un homme qui a faim» —> «un affamé»; «une personne qui a un salaire» — > «un(e) salarié(e)».

    b) nominalisant toute une proposition: «Il a réussi parce qu'il a travaillé» —> «Il a réussi grâce à son travail»

    c) les mettant à l'infinitif ou au gérondif lorsque c'est possible.

    2. Utilisez la mise en apposition lorsque la relation entre deux propositions et évidente et peut donc rester implicite. «Le candidat s'est retiré parce qu'il a été découragé par son mauvais score dans les sondages.» —> «Découragé par son mauvais score dans les sondages, le candidat s'est retiré.»

    3. Évitez le plus possible les articulations faibles en «mais» ou «et», avantageusement remplacées par des conjonctions de subordination (par exemple, «alors que», «bien que», etc. pour «mais»; «tandis que», «alors que» pour «et»).

    4. Évitez les répétitions à l'intérieur d'une phrase, mais aussi d'un paragraphe, en utilisant des pronoms, des synonymes.

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