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Guide
de la phrase complexe |
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Rappels:
Qu'est-ce qu'un texte? Qu'est-ce qu'une phrase?
Comme
la plupart des notions apparemment intuitives, celle
de texte et de phrase
sont à la fois évidentes à comprendre dans le
contexte de l'usage courant, et quasiment
impossibles à définir de façon formelle. Sans donc
entrer dans les diverses théories qui se proposent
de le décrire ou d'en expliquer le fonctionnement,
nous dirons qu'un texte est un ensemble d'énoncés
(d'unités du discours) qui présente une certaine
cohérence du point de vue de la production et/ou
de la réception, et qui peut être saisi et compris
(«lu») comme un tout indépendant. Dans la
plupart des textes écrits, les énoncés sont des
phrases, groupées en paragraphes (prose narrative),
tirades (théâtre), strophes ou versets (poésie).
Un texte peut donc ne
comporter que quelques mots—une petite annonce, la
légende d'une photo, un haiku—ou plusieurs
millions—Guerre et paix, A la recherche
du temps perdu, l'annuaire du téléphone. Il
présente généralement une fonction
communicative identifiable (informative, expressive,
délibérative, narrative, etc), et se range souvent
dans un type, déterminé par des critères de
forme (d'ailleurs relativement variables) plutôt que
de fonction: essai, sonnet, roman, compte-rendu,
éloge funèbre, dissertation, rapport de police,
tragédie, liste de courses, notice d'utilisation,
etc.
De même, la phrase
peut se définir intuitivement comme l'unité du
langage supérieure au mot et qui contient au moins
un verbe conjugué. Cette définition—extrêmement
problématique en réalité—est celle de la grammaire
traditionnelle, que nous retiendrons ici
provisoirement pour sa valeur opératoire. A l'écrit,
on peut considérer qu'une phrase est une séquence
de mots qui se trouve entre deux points
(y compris le point d'exclamation et
d'interrogation), définition empirique mais qui a le
mérite de bien fonctionner pour l'identification.
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|
La
phrase simple
Du
point de vue technique de la production, le
texte écrit non-poétique se compose donc de phrases,
qui peuvent être regroupées en unités
intermédiaires (le paragraphe, le chapitre...).
Cela ne veut pas dire pour autant qu'il suffise
de produire une série de phrases pour faire un
texte, car la composition du texte obéit à
certaines exigences de cohérence interne,
d'équilibre, d'organisation des
énoncés—variables selon le genre.
La
phrase, dans sa forme la plus élémentaire,
correspond à une proposition (ou «phrase
simple») constituée par l'association d'un sujet
(ce
dont on parle) et d'un prédicat
(ce
qu'on dit sur le sujet) qui inclut généralement un
verbe et ses compléments.
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P
H R A S E
«Le président a
prononcé un discours devant l'assemblée» |
Sujet |
Prédicat |
Groupe
Nominal |
Groupe
verbal |
Complément
circonstanciel (prépositionnel) |
Groupe
verbal |
Complément
d'objet direct (COD) |
Le
président |
a
prononcé |
un
discours |
devant
l'assemblée |
|
Il
ne faut pas confondre la longueur
d'une phrase et sa complexité;
ainsi, on peut ajouter toutes sortes de
compléments ou d'adjectifs qui enrichissent
le sujet et le prédicat sans changer le
statut de la phrase elle-même. La phrase
suivante n'est donc pas structurellement
plus complexe que la précédente:
Soucieux de donner une image
positive de son ambitieuse politique monétaire et
fiscale, le président a prononcé hier
soir vers les dix-huit heures un discours
particulièrement bien reçu devant l'assemblée
nationale en pleine crise de confiance.
Le principe
général peut donc se résumer ainsi : une
phrase est simple si elle ne comportre
qu'un seul verbe; elle est complexe
lorsqu'elle comporte pusieurs verbes.
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Voir
la carte
et le schéma
de la phrase verbale (Ressource BEPP/Laval) - L'analyse
de la phrase
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La
phrase complexe
Une phrase est complexe lorsqu'elle
comporte plus d'un verbe.
Plusieurs possibilités sont envisageables:
—
Deux propositions juxtaposées,
c'est-à-dire rattachées par la ponctuation
seulement: « Je ne sortirai pas aujourd'hui: il
fait bien trop froid. »
—
Deux propositions coordonées par une conjonction
de coordination: « Je ne sortirai pas
aujourd'hui, car
il fait bien trop froid. »
—
Une proposition
principale, et une proposition
subordonnée infinitive: « Je
n'aime pas sortir
par temps froid. »
—
Une proposition
principale, et une proposition
subordonnée compléitive: « Je
pense
que
le
froid est mauvais pour ma santé.»
—
Une proposition
principale, et une proposition
subordonnée relative: « J'aime
bien le temps
que nous
avons ces jours-ci.»
— Une proposition
principale, et une proposition
subordonnée circonstancielle: « Je
sortirai
bien
que le
temps soit assez froid.
»
—
Une proposition
principale, et une proposition
subordonnée participlale:
« Le
temps s'étant radouci,
je sortirai
ce soir.
»
—
Une proposition
principale, et une proposition
subordonnée gérondive:
« Vous irez
plus vite
en prenant un taxi.
»
Afin
de combiner correctement les propositions (P1, P2,
P3...) il faut:
1.
déterminer si le sujet
des deux propositions est le même,
auquel cas on évitera de le répéter.
2.
décider quel est le rapport conceptuel
entre les
deux propositions:
par exemple, addition (P1 s'ajoute à
P2), contradiction (P1 s'oppose à P2), cause
ou conséquence (P1 explique P2, ou
vice-versa), etc.
3.
déterminer si les phrases doivent
être hiérarchisées—c'est à dire si ce qu'elles
expriment a plus ou moins d'importance pour
l'énonciateur—, auquel cas on procèdera à une subordination;
si elles sont de valeur égale, elles peuvent
être simplement coordonnées.
4.
déterminer comment on peut matérialiser ce
rapport: conjonctions
de coordination et de subordination, pronoms
relatifs, prépositions
et locutions prépositives (avec l'infinitif), adverbes
et locutions adverbiales (après une ponctuation
forte).
5.
vérifier qu'on a bien opéré tous les ajustements
nécessaires pour que la nouvelle phrase soit
correcte et cohérente: harmoniser les temps
verbaux («concordance des temps»), supprimer les
éventuelles répétitions (en utilisant
des pronoms, par exemple), etc.
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|
L'apposition
L'apposition
consiste à compléter un nom ou un pronom (sujet ou
objet) par un adjectif, un groupe adjectival ou un
groupe nominal, simplement à l'aide de virgules.
Le
professeur a donné une excellente note à
l'étudiant.
Pleinement satisfait de
ses réponses, le professeur a donné une
excellente note à l'étudiant.
Louis
XIV a fait construire le palais de Versailles.
Louis XIV, le roi soleil,
a fait construire le palais de Versailles.
On
a trouvé un tableau de Van Gogh encore inconnu.
On a trouvé un tableau de Van Gogh encore
inconnu, oublié dans un
grenier.
Il faut
veiller à ce que ce qui est mis en apposition se
rattache manifestement au (pro)nom qu'il complète:
?N'ayant
plus un centime, Paul a dû prêter à son frère de quoi payer
son loyer.
Cette
phrase est incohérente, car elle signifie que Paul
n'a plus un centime et qu'il a prêté de l'argent à
son frère; en réalité, c'est le frère de Paul qui
n'a plus un centime. Il faudrait donc écrire:
N'ayant
plus un centime,
le frère de Paul a dû lui emprunter de quoi
payer son loyer.
ou
abandonner l'apposition pour utiliser une
proposition participiale:
Le
frère de Paul n'ayant plus un centime,
ce dernier a dû lui prêter de quoi payer son loyer.
L'interjection
(ou insertion)
L'interjection
consiste à insérer dans une phrase un mot, un groupe
de mot, ou même une autre phrase sans conjonction de
subordination:
Faute
de clients, nous avons dû, hélas,
fermer la boutique.
Mon accident, Dieu merci,
ne m'a laissé aucune séquelle.
Ce restaurant très renommé, entre
nous soit dit, ne mérite vraiment pas
sa réputation.
Cette
solution ne fonctionne qu'avec certains mots (nommés
«interjections») et des formules figées, comme dans
les exemples ci-dessus. Les parenthèses et les
tirets sont parfois nécessaires pour ne pas
provoquer de rupture de syntaxe.
Les
plus grandes villes de France (Paris,
Marseille et Lyon) connaissent les
mêmes problèmes sociaux concentrés dans les
banlieues.
Le pape a appelé à la réconciliation—mais
pouvait-il en faire autrement ?—entre
les deux communautés qui se déchirent.
La
coordination
Lorsque
des propositions sont sur le même plan, et qu'il
n'existe entre elles aucune hiérarchie, on peut
utiliser les conjonctions de coordination,
de préférence après une virgule:
mais
(contradiction)
ou
(alternative)
et
/ni (addition)
donc
(conséquence)
or
(contraste)
car
(cause)
Ainsi,
à partir de
(1) «Le
président a prononcé un bon discours.»
et
(2) «Le
président n'a pas convaincu les députés.»
on peut
faire la phrase suivante:
«Le
président a prononcé un bon discours,
mais
il
n'a pas convaincu les députés.»
Il est
possible d'utiliser une conjonction de coordination
même si le sujet change, mais il faut bien faire
attention à ce que les propositions soient
équivalentes. Ainsi,
«Le
président a prononcé un bon discours, mais les
députés n'ont pas eu l'air convaincu.»
est
tout à fait licite, alors que
??
«Le président a prononcé un bon discours, mais
les membres de son propre parti avaient
exprimé des doutes sur sa capacité à
gouverner.»
n'est
pas satisfaisante, car non seulement le sujet et le
temps, mais la relation de contradiction ont changé
par rapport au premier exemple. Le doute des membres
du parti n'a pas d'incidence sur la qualité du
discours: il constitue un élément d'information qui
permet de comprendre que, selon l'énonciateur,
la qualité du discours donne tort à des jugements
négatifs portés sur le président, mais sans rapport
direct avec la prononciation du discours. Dans les
phrases précédentes, en revanche, il était question
de l'effet immédiat produit par le discours sur
l'auditoire.
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|
La
subordination
Lorsque
les propositions ne sont pas parallèles ou
équivalentes, il faut recourir à la subordination,
c'est-à-dire les organiser hiérarchiquement à partir
de l'idée centrale de la phrase que représente la proposition
principale:
proposition
principale
|
conjonction
de subordination
|
proposition
subordonnée
|
Le
président a prononcé un bon discours, |
bien
que
|
les
membres de son propre parti eussent exprimé
des doutes sur sa capacité à gouverner. |
Les
conjonctions de subordination
Pour
construire cette phrase, on a utilisé la
conjonction de subordination, «bien que», et
il a fallu modifier le mode du verbe de la
subordonnée (eussent exprimé , imparfait du
subjonctif, à la place du plus-que-parfait de
l'indicatif).
Ici, la prononciation
du discours par le président constitue «l'idée
principale», le point de focalisation de
cette phrase, mais principale et subordonnée peuvent
parfois facilement s'intervertir; il n'y a ainsi pas
grande différence entre «Bien que le président
ait prononcé un bon discours, les députés n'ont
pas été convaincus.» et «Bien que les
députés n'aient pas été convaincus, le président a
prononcé un bon discours.»
Par
contre, dans une phrase comme
«Bien
qu'il fasse mauvais, je vais faire une
promenade.»
le
point de focalisation ne peut pas être simplement
renversé
??
«Bien que j'aille faire une promenade, il fait
mauvais.»
En
effet, il existe une contrainte de subordination
entre ces deux propositions parce que le temps qu'il
fait peut être un facteur dans ma décision de sortir
en promenade, alors que ma décision de sortir en
promenade n'a évidemment aucune incidence sur le
temps qu'il fait.
De même, on ne peut
pas intervertir la focalisation de la phrase «Le
président a prononcé un bon discours, bien que les
membres de son propre parti eussent exprimé des
doutes sur sa capacité à gouverner », car la
contradiction exprimée dans la subordonnée se double
d'une antériorité: l'expression des doutes précède
le discours.
Quelques
conjonctions de subordination:
Cause:
comme, parce que, puisque, étant donné que, vu
que, sous prétexte que (indicatif)
But: afin que, de façon à ce que, de
manière que, pour que (subjonctif)
But négatif (lorsqu'il s'agit d'éviter
une certaine conséquence) de peur/crainte
que (subjonctif)
Comparaison: comme, de même que, ainsi
que, plus/moins que (indicatif)
Concession: quoique, quoi que, bien que,
malgré que (subjonctif)
Restriction: même si (indicatif ), encore
que, en admettant que (subjonctif)
Restriction alternative: tandis que,
alors que (indicatif)
Condition: si, même si (indicatif), au
cas où (conditionnel), à condition que, pourvu
que, à supposer que (subjonctif)
Condition négative: à moins que
(subjonctif), sauf si, faute de quoi (indicatif)
Simultanéité: au moment ou, en même temps
que, pendant que, tandis que, alors que,
lorsque, quand (indicatif)
Antériorité: avant que, jusqu'à ce que,
en attendant que (subjonctif)
Postériorité: après que, dès que,
aussitôt que, une fois que (indicatif)
Proportion: à mesure que, chaque fois
que, toute les fois que (indicatif)
Conséquence: a tel point que, si bien
que, au point que, de sorte que, de façon que,
si/tellement/tant... que (indicatif)
Toutes
les conjonctions de subordination admettant
l'indicatif admettent également le conditionnel,
sauf «(même) si»
Voir
la Carte des conjonctions
(ressource BEPP/Laval)
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]
|
Les
prépositions et locutions prépositives
Lorsqu'
on lie deux propositions qui ont le même sujet et
dont les verbes sont au même mode/temps, il est
préférable de remplacer la conjonction de
subordination par une préposition ou une locution
prépositive lorsque cela est possible; le
verbe de la subordonné se met alors à l'infinitif et
son sujet y est omis:
J'arrive
au bureau très tôt
afin que
mon patron puisse
admirer ma
ponctualité.
conjonction
de subordination
+ subjonctif
mais
Je me
lève très tôt afin
de pouvoir
arriver au
bureau à l'heure.
préposition
+ infinitif
On
parle alors de proposition subordonnée
infinitive.
Quelques prépositions et locutions prépositives
suivies de l'infinitif:
Cause:
pour (avec l'infinitif passé)
But: afin de, de façon à, de manière à,
pour, dans le but de, de sorte à, sous prétexte
de
But négatif (lorsqu'il s'agit d'éviter
une certaine conséquence) de peur/crainte
de
Exclusion: sans
Contraste: loin de
Conséquence négative: à défaut de, faute
de
Substitution: au lieu de, plutôt
que de
Condition: à condition de
Condition négative: à moins de, sauf à
Antériorité: avant de, en attendant de
Postériorité: après (avec l'infinitif
passé)
Conséquence: a force de, au point de,
jusqu'à
Alternative: Quant à
|
Il
est important de noter que l'emploi des
conjonctions et des prépositions n'est pas
toujours parallèle, même s'il suffit
parfois de passer du «que» au «de» et de
mettre le verbe à l'infinitif. D'autre
part, le sens peut changer d'un emploi à
l'autre: par exemple, jusqu'à ce que
a une valeur temporelle neutre, alors que
jusqu'à + infinitif indique le
résultat (généralement négatif) d'un
processus: «Il a travaillé jusqu'à ce
que la bibliothèque ferme», mais «Il
a travaillé jusqu'à ne plus pouvoir
garder les yeux ouverts».
|
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|
Les
adverbes et locutions adverbiales
Après
une ponctuation forte (; : —), dans une
phrase longue et/ou comportant déja plusieurs
propositions, on indique le rapport entre deux
propositions à l'aide d'adverbes et de locutions
adverbiales placés immédiatement après la marque
de ponctuation, et suivis d'une virgule:
«Soucieux
de donner une image positive de son ambitieuse
politique monétaire du franc fort, le président a
prononcé hier soir vers les dix-huit heures un
discours plein d'enthousiasme; cependant,
les députés n'ont pas eu l'air très impressionné.»
Certains
(signalés par * ci-dessous) peuvent ne pas figurer
immédiatement après la marque de ponctuation et se
placer après le verbe ou l'auxilliaire:
Soucieux
de donner une image positive de son ambitieuse
politique monétaire, le président a prononcé hier
soir vers les dix-huit heures un discours plein
d'enthousiasme; les députés n'ont cependant
pas eu l'air très impressionné.
Quelques
adverbes et locutions adverbiales:
Comparaison:
de même, de la même manière, d'une façon semblable
Concession: toutefois*, néanmoins*,
cependant*, pourtant*
Restriction: certes*, bien sûr*, malgré
tout*, en tous cas*
Alternative: d'autre part*, d'un autre
côté, d'ailleurs*
Condition: dans ce cas*, dans ces
conditions
Simultanéité: dans un même temps, pendant
ce temps, dans l'intervalle
Antériorité: auparavant, jusque là, jadis*,
naguère*, il y a peu/longtemps,(jusqu'à)
récemment*
Postériorité: alors*, ensuite*, enfin*, par
la suite, désormais*
Addition: d'ailleurs*, de plus, en outre*,
qui plus est
Conséquence: dès lors*, par conséquent*,
ainsi*, d'où (+ nom), de ce fait
Explication: en d'autres termes, autrement
dit
Cause: de fait, en effet
|
Note
1: «Aussi» exprimant l'addition ne peut pas
s'utiliser en début de phrase. Dans cette
position, et suivi de l'inversion
verbe-sujet, il exprime la conséquence:
En
dépit de ses efforts, le président n'a pas
réussi à convaincre les députés; aussi
doit-il maintenant changer de tactique.
|
|
Note
2: Les adverbes ne peuvent pas tous se placer
ainsi en début de phrase (c'est le cas de
«notamment», «particulièrement», «tristement»,
etc), mais peuvent être remplacés par des
locutions («En particulier», «Il est triste de
constater que...»).
|
|
Note
3: Il faut faire attention de ne pas utiliser
les adverbes et locutions adverbiales après
une virgule, comme s'ils étaient des
conjonctions
|
|
Note
4: Il faut faire attention de ne pas couper
artificiellement une phrase très courte avec
une ponctuation forte. Ainsi,
??
«J'étais très malade hier; par
conséquent, mon patron m'a dit de
rester chez moi.»
est
une phrase grammaticalement correcte mais
stylistiquement mauvaise, à laquelle on
préférera:
«J'étais
très malade hier, si bien que mon
patron m'a dit de rester chez moi.»
ou
encore:
«J'étais
si malade hier que mon
patron m'a dit de rester chez moi.»
|
Voir
la carte et le
schéma des
catégories d'adverbes (Resource BEPP/Laval)
[
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]
|
Les
pronoms relatifs
Les
pronoms relatifs permettent de créer des propositions
subordonnées relatives où ils prennent la
fonction qu'aurait leur référent: qui (sujet
ou objet non-humain introduit par une préposition);
que (objet direct); dont (objet ou
compément introduit par «de»); où
(complément de lieu ou de temps); quoi
(objet non-humain introduit par une préposition),
souvent remplacé par préposition + lequel /
laquelle.
Le
député qui a pris la parole s'appelle
Dubois.
Je
n'ai rien compris au discours que j'ai
entendu hier.
J'ignore
les problèmes dont vous me parlez.
C'est
le village où j'ai passé ma jeunesse.
J'ignore
ce à quoi il faut s'attendre.
Je
te donnerai le code sans lequel il est
impossible d'entrer.
Voir
le guide des pronoms
relatifs (sur ce site) et la Carte
des pronoms (Resource BEPP/Laval)
[
menu
]
|
Le
gérondif
Le
gérondif est constitué par l'association de
la préposition «en» et d'un verbe au participe
présent. C'est une forme très utile pour exprimer:
1.
la simultanéité entre deux actions. Il
peut donc remplacer une coordination avec «et», ou
une subordination avec «en même temps que», «alors
que»:
Elle siffle et elle travaille —> Elle siffle en
même temps qu'elle travaille --> Elle siffle en
travaillant.
Il est arrivé et il souriait —> Il est arrivé en
souriant.
2.
la manière
Il parle en baissant les yeux.
Nous dansions en faisant attention de ne
pas marcher sur les pieds de l'autre.
3.
le moyen
En votant la loi contre l'immigration, le
député a révélé ses véritables sentiments.
Le président veut arrêter la montée du chômage en
favorisant l'emploi des jeunes.
4.
le rapport de cause à effet
En publiant un livre qui violait le secret
médical, le Dr. Gubler s'est attiré de violentes
critiques.
En voulant ignorer le problème, vous ne
faites que l'aggraver.
|
Le
participe est l'un des six
modes de la conjugaison verbale. Le
participe présent se forme en ajoutant
«-ant» au radical du verbe («-issant» pour
les verbes du 3eme groupe comme «finir»). |
|
La
forme du gérondif est invariable; seule
la préposition «en» peut être utilisée.
Les autres prépositions (sans, avec,
par... exigent l'infititif.
|
|
Le
sujet (non exprimé) du verbe qui est mis
au gérondif doit être le même que celui du
verbe de la proposition principale.
|
[
menu
]
|
La
construction de la phrase
Il
y a deux manières d'aborder la construction d'une
phrase: la première, mécanique, consiste a s'assurer
que la phrase comporte bien les éléments
nécessaires, arrangés dans le bon ordre et obéissant
à toutes les règles morphologiques et syntaxiques de
la langue. La seconde s'attache au sens de la
phrase, et en particulier à la topicalisation,
c'est à dire au choix d'un topique, d'un
centre d'intérêt, sur lequel on formulera un commentaire.
La
topicalisation
Dans
les phrases les plus simples, le topique correspond
au sujet—ce dont on parle—et le commentaire
au prédicat—ce qu'on veut dire du sujet; au
niveau du texte, cependant, il faut se poser la
question d'une façon différente. Soient par exemples
les phrases suivantes:
(1) Alain
Juppé est premier ministre.
(2)
Alain Juppé a fait des réformes.
(3)
Pourtant, la politique d'Alain Juppé provoque la
méfiance chez les Français.
(4)
C'est pourquoi Alain Juppé a essayé de gagner la
sympathie de ses concitoyens.
(5)
Dans ce but, Alain Juppé a publié un livre.
(6)
Le livre de Juppé, Entre nous, est écrit
sur un ton très familier.
(7)
Pendant ce temps, le climat social continue de se
dégrader.
Même
s'il il y a ici a priori sept phrases qu'on pourrait
simplement mettre en séquence, on doit se rendre
compte qu'il n'y a en réalité qu'un topique (Alain
Juppé) et plusieurs commentaires (qui est Juppé, ce
qu'il a fait, pourquoi, etc.). Si l'on prend donc
«Alain Juppé» comme sujet d'une phrase possible, il
faut décider quel en serait le prédicat,
c'est-à-dire déterminer laquelle des propositions
suivantes apporte l'information la plus riche, la
plus pertinente, la plus centrale à la phrase.
On
constate que (1) et (2) fournissent un supplément de
définition du sujet lui-même, alors que (3) et (4)
indiquent les motivations de l'écriture d'un livre,
et que (6) décrit ce livre. Quant à (7), elle
indique une circonstance liée à la publication du
livre, mais de façon périphérique. Il semble clair
que le centre d'intérêt réside dans la publication
du livre et qu'on peut faire de (5), «a publié un
livre» le prédicat d'une phrase dont le noyau est
constitué de «Alain Juppé a publié un livre».
Logiquement, il faut donc chercher à construire
une seule phrase.
L'élaboration
de la phrase
Il
n'y a pas de formule toute faite pour construire une
phrase, mais une palette de techniques parmi
lesquelles il faut choisir la plus adaptée à ce
qu'on cherche à dire. Ici, nous commençons avec la
phrase simple sujet
+ prédicat:
Alain
Juppé a
publié un livre
1. la mise
en apposition permet
de qualifier un nom.
«Alain
Juppé, premier
ministre, a
publié un livre écrit sur
un ton très familier»
2. la nominalisation
permet de transformer une proposition en un seul
nom.
«Alain
Juppé, premier ministre réformateur,
a publié un livre écrit sur un ton très
familier»
3. la subordination
relative permet
d'intégrer à la phrase une proposition qui a un
(pro)nom en commun avec elle.
«Alain
Juppé, premier ministre réformateur dont
la politique provoque la méfiance chez les
Français, a
publié un livre écrit sur un ton très familier.»
4. la subordination
infinitive permet
d'intégrer à la phrase une proposition qui a le
même sujet qu'elle.
«Alain
Juppé, premier ministre réformateur dont la
politique provoque la méfiance chez les Français,
a publié un livre écrit sur un ton très familier
pour
essayer de gagner la sympathie de ses
concitoyens.»
5. la
subordination
avec une conjonction
permet d'intégrer
à la phrase une proposition qui a un sujet
différent.
«Tandis
que le climat social continue de se dégrader,
Alain Juppé, premier ministre réformateur dont
la politique provoque la méfiance chez les
Français, a publié un livre écrit sur un ton
très familier pour essayer de gagner la
sympathie de ses concitoyens.»
On
constate que ces stratégies correspondent à diverses
structures de départ:
1. la
mise
en apposition s'utilise
pour remplacer les structures du type [A est B],
[A, qui est B,...] ou [il y a un A qui est B].
2. la nominalisation
s'utilise pour remplacer les structures du type
[A fait B], [A, qui fait B,...] ou [il y a un A
qui fait B].
3. la subordination
relative s'utilise
lorsque deux propositions ont un (pro)nom
en commun.
4. la subordination
infinitive
s'utilise pour marquer une relation de hiérarchisation
entre les prédicats des deux phrases de
départ, qui ont le même sujet: «essayer de
gagner la sympathie de ses concitoyens» exprime
la cause de «a publié un livre».
5. la subordination
avec une conjonction
s'utilise pour marquer une relation de hiérarchisation
entre les topiques des deux phrases de
départ: «le climat social continue de se
dégrader» indique une circonstance de «Juppé a
publié un livre», avec une nuance de
contradiction: la publication du livre, en dépit
de l'intention de l'auteur, n'a pas arrêté la
dégradation du climat social.
[
menu
]
|
Pour
renforcer une phrase
Le
contenu informationnel de la phrase et son impact
seront d'autant meilleurs que celle-ci est claire,
précise, et fortement structurée. A
cette fin, on doit systématiquement appliquer les
principes suivants:
Sur
le plan du vocabulaire
1. Évitez
absolument les mots passe-partout,
génériques et vagues: «chose» (à proscrire
absolument, sauf dans les expressions idiomatiques),
«personne», «homme/femme», «gens»; les verbes
«faire», «être», «avoir», «dire», «aller», les
adjectifs «important», «fort», «spécial», «bon; les
quantificateurs «beaucoup de», «peu de».
Remplacez-les par une dénomination exacte et
adaptée au contexte:
une
chose
: un objet,
un appareil, un élément, une activité,
un article, etc.
une
personne
: un individu,
un Français moyen, un électeur,
un salarié, etc.
les
gens :
le public, les téléspectateurs, la
population, les Français, l'opinion,
etc.
faire
: accomplir,
effectuer, se livrer à, réaliser,
pratiquer, etc
être
: constituer,
représenter, correspondre à, s'identifier
à, etc.
avoir
: comporter,
détenir, posséder, présenter,
etc.
dire
: déclarer,
affirmer, répliquer, annoncer,
etc
aller
: se
rendre, se déplacer, transiter,
etc
important
: crucial,
central, indispensable, signifiant,
notable, à retenir, etc.
fort
: imposant,
puissant, inébranlable, affirmé,
prononcé, etc.
spécial
: hors du commun, exceptionnel,
insolite, remarquable, etc.
bon
: de
qualité, valable, solide,
etc.
beaucoup
de
: (un
grand) nombre de, la plus grande
partie de, une majorité de, énormément
de, etc.
peu
de : un
petit nombre de, une minorité de,
une poignée de, presque aucun,
etc.
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Ces
mots ne sont pas de simples synonymes qu'on
peut mécaniquement substituer les uns aux
autres. Vérifiez leur sens exact dans un
dictionnaire, et déterminez celui qui semble
le plus approprié dans un contexte donné. |
2.
Utilisez les mots
dans leur sens propre et précis,
et non pas selon l'usage relâché de la
conversation quotidienne ou des media. Par
exemple, «unique» signifie «qui n'existe qu'en un
seul exemplaire», ce qui est différent
d'«exceptionnel», de «remarquable»,
d'«incroyable», d'«extraordinaire», etc. Chacun de
ces termes offre une nuance sémantique qui le rend
différent des autres, même si leur sens reste
proche.
3.
Faites attention aux tautologies et aux
pléonasmes, c'est-à-dire aux formules qui
n'expriment qu'une évidence: «un cadeau gratuit»
(il l'est par définition, sinon ce n'est pas un
cadeau), «cette personne est unique» (elle
l'est par définition, sauf s'il s'agit
d'un clone!), «les pays du monde» (où y a-t-il des
pays, à part notre monde?), «prévoir d'avance»,
«monter en haut», etc.
Sur
le plan de la structure
1.
Essayez d'éliminer les verbes conjugués,
qui alourdissent la phrase, en
a)
les supprimant
complètement, dans le cas d'«être» et d'«avoir»,
- surtout dans les formules du type [être +
adjectif] où une apposition est possible
- après certaines conjonctions de subordination
comme bien que, même (si), parce que puisque,
encore que: «bien qu'il soit fatigué, il
travaille» —> «bien que fatigué, il travaille»)
- dans les formules du type [homme/personne qui a
....], souvent nominalisables: «un homme
qui a faim» —> «un affamé»; «une personne qui a
un salaire» — > «un(e) salarié(e)».
b)
nominalisant
toute une proposition: «Il a réussi parce
qu'il a travaillé»
—> «Il a réussi grâce
à son travail»
c)
les mettant à l'infinitif ou au gérondif
lorsque c'est possible.
2.
Utilisez la mise
en apposition lorsque la relation entre deux
propositions et évidente et peut donc rester
implicite. «Le candidat s'est retiré parce qu'il a
été découragé par son mauvais score dans
les sondages.» —> «Découragé par son mauvais
score dans les sondages, le candidat s'est
retiré.»
3.
Évitez le plus possible les articulations
faibles en «mais» ou «et», avantageusement
remplacées par des conjonctions de subordination
(par exemple, «alors que», «bien que», etc. pour
«mais»; «tandis que», «alors que» pour «et»).
4.
Évitez les répétitions à l'intérieur d'une
phrase, mais aussi d'un paragraphe, en utilisant
des pronoms, des synonymes.
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