Dans
son principal ouvrage, Prolègomènes à une théorie du
langage (1646), le Danois Hjelmslev (prononcer
yem-sleu) propose une approche influencée par la logique
formelle, qui vise à donner une description abstraite des
systèmes sémiotiques.
Il y raffine le modèle de
Saussure en distinguant, sur le plan de l'expression (le
signifiant) et du contenu (le signifié), la forme—ce qui
structure—et la substance—ce qui est structuré.
Pour ce qui est du langage,
la forme de l'expression
correspond aux règles phonologiques propres à chaque
langue, qui, à partir du continuum présémiotique de tous
les sons que peut produire l'appareil vocal humain,
déterminent un nombre limité de phonèmes et les relations
qui les unissent. La substance
de l'expression correspond aux phonèmes
effectifs qui résultent de ces paramètres. La forme
du contenu correspond aux règles selon
lesquelles la réalité perçue est découpée en unités de
sens, et la substance du contenu
est constituée par ces unités.
L'avantage
de ce modèle est d'identifier les principes de formation
du signe, ce qui réduit considérablement son immanence.
Cela permet également de distinguer produit et processus
sémiotique, et donc, par exemple, de justifier qu'une
règle puisse exister sans pour autant générer des séries
complètes: ainsi, en phonologie française,
l'arrondissement permet d'opposer deux séries de trois
voyelles antérieures, mais ne s'applique pas à / a /.
Louis
Hjelmslev (1946). Prolegomena to a
Theory of Language, Bloomington, Indiana U.P.,
1953. Prolégomènes à une théorie du langage,
Paris, Éditions de Minuit, 1971.