INTRODUCTION
La
technique du résumé n'est pas facile à maîtriser, mais elle
est néanmoins l'une des plus utiles pour l'étudiant parce
qu'elle met en uvre un certain nombre d'aptitudes fondamentales
dans n'importe quel domaine, académique ou professionnel,
où il faut interpréter des textes de façon systématique, efficace
et rigoureuse:
- La compréhension: avant de pouvoir
résumer un texte, il faut l'avoir bien compris.
- L'analyse:
pour résumer, il faut extraire du texte les idées
principales.
- La
synthèse et la rigueur: pour bien
résumer, il faut distinguer l'essentiel du
secondaire et du superflu, et l'exprimer de
manière concise sans toutefois en dénaturer le
sens.
- Le
sens de l'équilibre: un bon résumé reflète
fidèlement l'importance des divers éléments du
texte d'origine.
- Le
sens de l'organisation et de l'articulation:
un bon résumé doit montrer de façon très claire et
très efficace—parfois plus que le texte
d'origine—comment les idées ou les arguments
s'enchaînent.
- La
manipulation du langage: le résumé doit
exprimer les idées d'un texte sans se limiter à
fournir un collage de phrases qui en sont
extraites. Il doit être à la fois original dans la
forme, et conforme dans le fond.
Il
s'agit donc de réécrire dans ses propres mots le
texte de départ, en préservant l'essentiel de
l'information qu'il véhicule, tout en le
condensant à environ 25% de son volume original.
Stratégies
de base pour faire un bon résumé
1. Avant
de commencer le résumé, soyez sûr de bien comprendre
le texte.
Cela
implique de l'avoir attentivement lu, et d'avoir
cherché à élucider le vocabulaire ou les structures
qui posent problème: si vous ne comprenez pas le
texte, votre résumé sera incompréhensible, ou du
moins incohérent.
Attention au «truc»
qui consiste à reproduire dans le résumé certaines
phrases ou formules du texte que vous ne saisissez
pas, mais dont vous sentez qu'elles doivent être
importantes (c'est le «démarquage»), dans l'espoir
de donner au correcteur l'illusion que vous les avez
comprises. Non seulement le correcteur détectera
assez facilement votre subterfuge, mais il vous
pénalisera lourdement.
Le
résumé est donc d'abord un exercice de lecture
systématique.
2. Découpez
le texte.
Chaque texte contient un nombre
limité d'idées principales, qui sont exposées et développées
dans une «partie» que vous pouvez délimiter vous-même
si la structure n'est pas déjà indiquée
de manière explicite. Idéalement, et surtout dans un
texte très court ou très dense, chaque paragraphe peut correspondre
à une idée nouvelle. La plupart du temps, toutefois une même
idée est développée, dans plusieurs paragraphes, notamment
à l'aide d'exemples, d'explications, de précisions, voire
de reformulations.
C'est à vous de reconstituer
la structure, le plan du texte de départ—travail qui doit
suivre immédiatement la lecture, et précéder la rédaction
du résumé. Une excellente stratégie consiste à visualiser
ce plan par un schéma que vous noterez séparément (et qui
vous servira de référence), en indiquant avec des cadres,
des numéros, des lignes, des flèches, etc. les relations entre
les divers élements dont le texte est composé.
Il
est indispensable d'avoir dégagé le plan du texte de
départ avant de commencer à rédiger votre résumé.
3. Identifiez
et (re)formulez les idées principales.
A chaque
partie correspond une idée (une notion, un argument,
une proposition) qui peut se formuler en une phrase.
Il ne s'agit pas simplement d'extraire du texte une
phrase qui exprime exactement telle ou telle idée,
mais de produire vos propres phrases.
Le
résumé est aussi un exercice de réécriture
Après avoir ainsi établi le «squelette» du texte,
relisez ce dernier pour vérifier que vous en avez bien
retenu toutes les idées principales, mais aussi que
les idées que vous avez retenues sont bien les
principales. Il faudra donc aussi indentifier les
éléments secondaires, qui seront éventuellement à
retenir selon le nombre de mots qui vous sont alloués,
et les éléments superflus, qui seront forcément
exclus.
C'est
à vous de hiérarchiser les éléments qui composent le
texte de départ pour ne retenir que ceux qui sont
essentiels
4. Organisez
les idées principales.
Si
l'auteur est compétent, son texte sera bien organisé
et votre travail facilité d'autant! Toutefois, le
résumé exige parfois de réorganiser les idées pour
pouvoir les présenter de façon plus efficace,
c'est-à-dire aussi sans répétitions, et en utilisant
des connecteurs et des transitions claires et
logiques. Une telle réorganisation peut s'avérer
nécessaire même si le texte de départ est bien
construit, simplement du fait de la forte réduction
que le résumé implique. Les transitions
expliciteront—parfois plus que l'original—les
rapports de cause, de conséquence, de but, de
concession, de contraste, de restriction,
d'équivalence, etc, qui lient les divers éléments du
texte.
La
structure du texte de départ doit parfois être
explicitée plus manifestement dans le résumé.
5. Respectez
les proportions de l'original.
En lisant
le texte, essayez d'attribuer un pourcentage à
chaque partie, et faites en sorte que ce pourcentage
soit respecté dans le résumé, ce qui vous aidera
également à ne pas omettre l'une des parties.
Attention néanmoins de ne
pas opérer une simple réduction paragraphe par
paragraphe, puisque certains passages du texte qui
ne couvrent pas de points essentiels (les exemples,
les illustrations notamment) ne seront pas résumés
du tout.
Tout
en respectant les proportions de l'original, le résumé
ne reprend pas forcément la même division en
paragraphes.
6. Evitez
les questions.
Une question posée
dans le texte de départ, si elle en constitue un
élément fondamental, doit se traduire par une
formule au discours indirect («on se demande si...»,
«il n'est pas certain que», «la question de savoir
si... reste posée», etc.). De préference, on rendra
les questions par une reformulation qui conserve le
sens de ce qui est demandé, mais non la structure
interrogative.
7. Limitez
soigneusement les citations et les emprunts.
Même si
l'auteur a parfaitement résumé ses propres idées
dans des formules si condensées et si précises que
toute paraphrase vous semble en dénaturer le
contenu, il vous incombe de synthétiser et de
récrire le texte. Bien qu'il soit nécessaire de
reprendre certain mots clefs, voire certaines
expressions, il ne faut pas chercher à éluder le
problème en citant simplement des propositions ou
des phrases entières (effet de «collage» ou de
«démarquage»).
D'ailleurs, hors
de leur contexte, certains fragments peuvent n'avoir
plus de sens, ou poser des problèmes de syntaxe
lorsqu'on cherche à les insérer dans une phrase
différente de celle dont on les a tirés. A moins
d'être absolument certain qu'un fragment
fonctionnera de la même façon dans un nouveau
contexte, il vaut mieux reformuler l'idée que de
risquer l'incohérence. Ceci est particulièrement
vrai lorsque le sens d'un fragment dépend d'un
référent qui ne figure plus dans le nouveau
contexte.
La méthode la plus
sûre revient à éliminer par principe toute citation,
sauf lorsque l'auteur a crée une formule extrèmement
originale dont la forme même constitue un élément
inaliénable du sens. C'est aussi le cas pour les
formules passées à la postérité («Je vous ai
compris!» de De Gaulle) ou qui sont lexicalisées
(«Pays ayant en commun l'usage du francais»).
Attention aussi aux mots ou expressions employés de
manière figurative ou néologique: s'ils vous
semblent absolument indispensables, utilisez-les
entre guillemets; sinon, utilisez un synonyme ou une
périphrase.
Ceci dit, ne tombez
pas dans le défaut inverse qui consiste, sous
prétexte de bannir les emprunts, à utiliser des
synonymes ou à reformuler des séquences de mot qu'il
est préférable de reprendre tels quels, tout
simplement parce qu'il n'y a pas de meilleur moyen
d'exprimer ce qu'elles expriment.
Les
citations et les emprunts du texte de départ sont à
proscrire, sauf si leur forme a une valeur
particulière qu'il est indispensable de préserver.
8. Il
est inutile de préciser que les idées sont celles de
l'auteur.
Ce qui
figure dans un résumé est, ipso facto et
implicitement, attribuable à l'auteur du texte
original. Votre propre voix doit s'effacer
entièrement derrière la sienne, d'autant plus que
vous n'êtes pas censé offrir de commentaire ni votre
propre vision des choses, mais seulement refléter du
mieux possible ce que l'auteur a dit.
Le
résumé ne doit porter aucune trace de votre
intervention.
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