Petite
initiation aux principes et techniques d'analyse textuelle pratiquées
dans le secondaire et le premier cycle universitaire, en France
et dans la plupart des pays francophones.
Ce document peut être lu de
façon linéaire, ou hypertextuelle.
Introduction
Les
Formes
Avant de commencer à écrire... |
La
Structure
L'introduction
Le développement
La conclusion |
L'Analyse
de texte
L'approche du texte:
décrire, analyser, interpréter
L'élucidation
du sens
Le sens
du texte
L'opinion
et les sentiments
Le fond
et la forme
Le plan |
Les Outils
Le dictionnaire
Le manuel
de grammaire ou de conjugaison
Les ouvrages
spécialisés
Les outils en ligne |
D'autres ressources sur ce
site:
La Phrase complexe:
Guide pratique
Exercices de réécriture
Répertoire
des impropriétés et des anglicismes
Améliorer
un texte soins d'urgence
Le Texte argumentatif:
Stratégies de composition.
Le Résumé
L'essentiel à savoir pour faire un bon résumé
La Dissertation
L'essentiel à savoir pour entreprendre une dissertation
|
Introduction
Les
études supérieures sont pour une très
large part centrées autour de l'étude de textes—historiques,
politiques, littéraires, philosophiques—qui demandent
d'abord une lecture analytique, puis une discussion orale
ou écrite des points d'intérêt que ces
textes comportent. Les étudiants sont également
censés produire eux-mêmes des textes: résumés,
commentaires (commentaire composé, explication
de texte) ou essais à partir de sujets donnés
(dissertation). La tradition universitaire française
a établi des formes très précises pour
la pratique de la lecture, de l'analyse, de l'argumentation
et de la rédaction; pour réussir, l'étudiant
doit en avoir parfaitement assimilé le sens et les
techniques afin de pouvoir se concentrer sur le contenu. Lorsqu'ils
atteignent la Terminale, ceux qui ont effectué leur
scolarité dans le système français possèdent
déjà sept ans d'expérience dans ce domaine,
contrairement à l'étudiant étranger qui
aura rarement bénéficié d'une formation
aussi poussée, et ne peut s'attendre à ce que
ses professeurs reviennent en cours sur les techniques supposées
connues de tous.
Ce
guide a donc pour but de donner à l'étudiant
étranger (et même à l'étudiant
français ou francophone) une vue d'ensemble des pratiques
textuelles auxquelles il devra rapidement s'initier, en soulignant
leur sens, leurs buts, les techniques
propres à chacune d'elles et les pièges
à éviter. Je renvoie dans la section bibliographique
à des ouvrages bon marché et facilement trouvables
qui traitent en détail, et à l'aide d'exemples,
de chaque forme particulière.
Attention!
Une
lecture rapide de ce guide peut laisser à penser que
les techniques et les principes décrits ne sont pas
fondamentalement différents de ceux en vigueur dans
les autres pays; l'étudiant étranger sera donc
tenté de se dire «je connais déjà
tout ça» et de ne pas s'y attarder. Ce
serait une erreur; en effet, la spécificité
du système français exige de l'étudiant
qu'il domine parfaitement les techniques propres à
chaque forme, faute de quoi un devoir ou une présentation—même
si ils avancent des idées ou des explications tout
à fait satisfaisantes—ne recevront pas la moyenne.
Pour
un étranger, l'approche française de la pratique
textuelle peut sembler excessivement formaliste, car le savoir-faire
semble parfois importer plus que les idées ou la créativité.
En réalité, ces contraintes sont des outils
qu'on donne d'abord à l'étudiant pour discipliner
et structurer la pensée; il faut les maîtriser
pour pouvoir les transcender, car un bon devoir doit combiner
à la fois une approche personnelle et une argumentation
très rigoureuse. Certaines particularités risquent
de déconcerter l'étudiant... et se traduire
par de mauvaises notes si elles ne sont pas respectées:
ainsi, la valeur du devoir se joue presque entièrement
sur la qualité du plan, et une copie qui présenterait
des idées brillantes dans un français impeccable
peut très bien ne pas obtenir la moyenne et plafonner
péniblement à 8/20 si la structure en est jugée
insuffisamment claire et rigoureuse.
[
Menu ]
Les Formes
Je
n'ai retenu ici que quatre formes qui recouvrent la
plus grande partie des devoirs sur table ou à
la maison qu'un étudiant du premier cycle devra
effectuer. Je laisse de côté les techniques
plus avancées (comme la rédaction d'un
mémoire) ou particulières à certains
cursus.
- La
Lecture méthodique des textes sert
de préparation à l'écrit,
pour l'explication et le commentaire composé.
Elle vise à explorer, pour un même
texte, divers niveaux et axes de lecture possibles
en vue d'une explication «consciente de
ses démarches et de ses choix», c'est-à-dire
qui a entrevu de multiples «entrées»
dans le texte, mais n'en a retenu que les plus
enrichissantes. Application: tous domaines,
mais en particulier la littérature.
L'Explication de texte, à l'oral
ou à l'écrit, consiste à
commenter un extrait ou un texte complet, mais
court (une ou deux pages) en suivant sa progression,
phrase par phrase, parfois mot à mot (pour
un poème par exemple). Application:
textes littéraires essentiellement, mais
aussi journalisme, philosophie ou politique.
Le Commentaire composé, à
l'écrit, plus rarement à l'oral,
consiste à commenter un extrait assez long
ou un texte selon une méthode synthétique
qui met en relief un nombre limité de centres
d'intérêt ou d'axes de lecture. Application:
tous domaines, mais en particulier la littérature.
- La
Dissertation
consiste à rédiger un texte argumentatif
à partir d'une question exprimée
en quelques mots, qui peut se présenter
sous forme de citation, et comporter des directives
qui en précisent la portée et les
limites. Application: Elle peut être
générale, philosophique, ou littéraire
(auquel cas elle est parfois nommée «essai
littéraire»).
- Le
Résumé (ou
concentration de texte), à l'écrit, ou parfois à
l'oral, consiste à réduire un texte
assez court (une ou deux pages, un millier de
mots) dans la proportion d'un quart (25%) de l'original.
Dans les épreuves d'examen, il est souvent
complété par un commentaire. Application:
textes argumentatifs essentiellement.
Avant
de commencer à écrire...
On
vous a donné le texte (explication, commentaire,
rédaction) ou le sujet (dissertation). Que
faire? D'abord, résister à la tentation
de se lancer dans la rédaction d'un brouillon
de devoir tout de suite après la lecture. Quel
que soit le laps de temps dont vous disposez pour
faire votre travail—une demie-heure de préparation
pour une explication orale, quatre heures pour un
examen sur table, plusieurs jours pour un devoir à
la maison—, vous devez respecter les mêmes
étapes:
- La
première lecture permet de découvrir
le texte (ou le sujet, qui eut se résumer
à une courte phrase), de noter d'emblée
des points d'intérêt et/ou de difficulté
(ce sont souvent les mêmes!)
- L'élucidation
du vocabulaire qui pose problème,
si vous êtes à la maison ou si certaines
ressources sont permises en classe (dictionnaire,
en particulier)
- La
relecture se matérialise par une
prise de notes plus substantielle, qui
comprendra des ébauches de questions à
se poser, de pistes à suivre, d'arguments
à développer (une «problématique»)
- L'organisation
des notes en vue de la constitution d'un plan.
Cette étape est absolument fondamentale;
c'est là que se décide la qualité
du devoir. Une fois le plan établi et vérifié
(Est-il complet? logique? équilibré?),
vous pouvez— enfin—passer à
la rédaction d'un brouillon.
Voir
Le texte argumentatif: Stratégies
de composition pour le détail des étapes
à suivre.
[
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Le
plan
Le
plan est souvent l'élément le
plus déterminant d'un devoir écrit;
de bonnes idées, des connaissances
solides, des analyses brillantes seront jugées
insuffisantes si elles ne sont pas organisées
de façon stricte, rationnelle et efficace.
Toute explication, toute présentation
orale ou écrite se doit d'abord de
respecter une structure tripartite: introduction,
développement, conclusion.
L'introduction «lance» le devoir en annonçant
les directions qu'il va prendre et pourquoi;
idéalement, elle pique l'intérêt
du lecteur. S'il s'agit d'un passage à
commenter, elle situe brièvement celui-ci
dans un contexte (historique, social, etc.),
dans un co-texte (les autres oeuvres de l'auteur,
les autres uvres d'un même genre, etc.),
et expose les axes de lecture que vous allez
poursuivre. Dans la dissertation, elle reprend
l'intitulé du sujet dont elle explore
les diverses interprétations possibles,
afin de définir la problématique.
|
Ne
vous contentez jamais d'utiliser l'introduction
comme une sorte de table des matières,
de récapitulatif des points que
vous allez traiter. Ne donnez pas à
l'introduction le style d'un sommaire
(«Dans la première partie,
je vais parler de...; dans la deuxième
partie... etc.»). |
|
Ne
livrez pas vos conclusions dans l'introduction.
Un certain suspense doit subsister jusqu'au
bout du devoir. |
Le développement
est le corps du devoir, qui doit lui-même
suivre un plan bien agencé.
|
Il
n'existe pas de plan idéal; vous
devez trouver celui qui convient le
mieux pour chaque devoir, en fonction
de l'argumentation que vous avez
choisie.
|
|
Pour organiser votre devoir le plus
efficacement possible, il faut déterminer
une progression, un «fil»
qui guide le correcteur. Dans l'explication
de texte, ce fil peut être tout
simplement l'ordre de lecture. Dans
une dissertation, vous devrez généralement
agencer vos propos selon une progression
dialectique (thèse / antithèse
/ synthèse). Dans un commentaire
composé, le rapport entre les
centres d'intérêt sera
très variable, et il faudra donc
prendre soin de ménager de bonnes
transitions pour indiquer clairement
l,articulation du plan. En général,
on s'attend à ce que vous alliez
du particulier au général,
de l'accessoire à l'essentiel,
des remarques microstructurelles aux
conclusions macrostructurelles.
|
|
N'oubliez
pas d'utiliser les paragraphes judicieusement
pour marquer vos articulations—ce
qui ne vous dispense d'ailleurs pas
de l'usage des transitions! |
La conclusion
vous permet de prendre un certain recul par
rapport au texte que vous venez d'expliquer,
ou aux arguments que vous avez présentés
dans une dissertation. C'est là que
vous examinerez l'originalité ou l'intérêt
du texte dans une perspective élargie,
générale; c'est aussi là
où vous pouvez porter sur le texte
une appréciation vraiment personnelle.
|
Ne
vous contentez jamais d'utiliser la
conclusion comme une sorte de table
des matières, de récapitulatif
des points que vous venez de traiter.
|
|
Ne
vous contentez pas de reprendre votre
synthèse en guise de conclusion;
ajoutez-y une réflexion à
un niveau différent.
|
[
Menu ]
|
|
|
L'analyse
de texte (lecture méthodique)
Il
est essentiel de connaître et d'appliquer les principes
qui suivent dans tous les exercices généraux
d'analyse de texte. Ces directives ne constituent pas un simple
«format» de présentation, mais une méthode
heuristique qui permet de comprendre --- et d'apprécier
--- les textes qu'on étudie à un niveau bien
plus profond qu'on peut le faire lors de la lecture cursive.
L'approche du texte: décrire, analyser, interpréter
Il est nécessaire d'apprendre
à aborder un texte (littéraire, argumentatif,
journalistique ou autre) de façon systématique
et raisonnée qui permette de dépasser la «lecture
naïve» d'où naissent des impressions superficielles.
Le moyen le plus sûr consiste à procéder
selon trois étapes: décrire, analyser,
interpréter. Bien qu'il faille au départ
respecter cet ordre, l'explication consiste à opérer
de constants aller-et-retours entre les trois; en effet, toute
hypothèse sur la production du sens (niveau de l'interprétation)
exige d'être vérifiée de façon
précise à partir des caractéristiques
objectives du texte (niveau de la description) et du fonctionnement
du texte lors de la lecture (niveau de l'analyse).
a)
Décrire,
c'est faire un certain nombre de constations objectives
sur le texte, afin d'obtenir une base solide sur laquelle
l'analyse et l'interprétation viendront se fonder.
Pour ce faire, il faut poser certaines questions (qui pourront
éventuellement rester sous forme d'interrogation, si
la réponse n'est pas claire, mais qui doivent être
soulevées):
- S'agit-il
d'un texte complet? D'un extrait? Si c'est un extrait,
les limites en ont-elles été fixées
par l'auteur lui même, ou par l'éditeur?
- De
quel type de texte s'agit-il? (prose romanesque,
poésie, théâtre, journalisme, essai...)
Reflète-t-il les conventions formelles d'un genre?
(en poésie surtout, mais pas uniquement)
- A
priori, quel(s) semble(nt) être le(s) but(s)
du texte: exprimer une opinion, un sentiment, divertir,
émouvoir, provoquer, informer, faire réfléchir?
- Y
a-t-il un narrateur explicite? Un narrateur omniscient
ou participant? De quel point de vue ce texte est-il écrit?
Qui parle? A qui? (Y a-t-il un narrataire distinct
du lecteur?) Quand? Où? Comment?
- Y
a-t-il des personnages? Humains, voire anthropomorphiques,
ou non ? (un animal, un objet, une ville, la nature peuvent
être des personnages) L'attention du lecteur se
focalise-t-elle sur un personnage particulier? (le «héros»,
sympathique ou non)
- Quelles
sont les caractéristiques linguistiques du
texte? Phrases longues («périodes»)
ou courtes (style «haché»), fortement
structurées ou plus proches de l'oral; niveau de
langue soutenu, familier; lexique simple ou complexe (mots
rares), concret ou abstrait; champs lexicaux ou sémantiques
(mots ou formules qui se font écho pour communiquer
une impression, préciser ou nuancer le sens). Quels
effets ou figures de rhétorique sont-ils utilisés?
2)
Analyser, c'est
démonter le mécanisme du texte, mettre en évidence
comment il fonctionne, comment il cherche à atteindre
le(s) but(s) que l'auteur a fixé(s), ou comment il
arrive à produire sur le lecteur certains effets:
- Quels
sont les effets prévisibles sur le lecteur des
caractéristiques du texte mises en relief dans
la description? Comment l'auteur implique-t-il le lecteur
dans le texte? Comment joue-t-il avec lui? Cherche-t-il
à le tromper pour provoquer un effet de surprise?
Lui demande-t-il de tirer ses propres conclusions? De
fair des inférences? Cherche-t-il à l'influencer
de façon indirecte? A le manipuler? Veut-il laisser
planer le doute, l'ambiguïté? Est-il plutôt
didactique?
- Observe-t-on
un effet de réel (ou illusion référentielle)
qui vise à distraire le lecteur du fait que le
texte appartient au domaine de la fiction? (par exemple
grâce à l'accumulation de détails
techniques: date, noms de lieux, etc.)
|
Expliquer
le fonctionnement d'un texte est parfois facilité
par le raisonnement a contrario, ou en considérant
une possible alternative: on comprend mieux comment
telle caractéristique du texte produit tel effet
de sens lorsqu'on considère ce qui se passerait
si une autre solution avait été adoptée.
|
|
Attention
à ne pas attribuer uniquement le fonctionnement
du texte aux «intentions» de l'auteur, comme
ci celui-ci en contrôlait exactement tous les
mécanismes: un texte peut offrir sur son auteur
des révélations que celui-ci n'a pas désiré
y mettre, ou peut provoquer chez le lecteur des effets
de sens qui n'étaient pas intentionnels (en particulier
s'il existe entre auteur et lecteur une importante distance
chronologique, culturelle, sociale, etc.). |
3) Interpréter,
enfin, c'est proposer des hypothèses, sinon des conclusions
sur le sens du texte. Si l'on a fait soigneusement
le travail de description et d'analyse, on se rend compte
que le sens du texte, s'il n'est jamais exactement réductible
à une seule dimension, à un seul «message»,
peut être précisé en fonction de paramètres
assez objectifs. Il peut se révéler obscur,
ambigu, paradoxal, mais il n'est jamais aléatoire.
Il est utile de revenir, au
moment de l'interprétation, sur ses impressions premières:
sont elles confirmées? Pourquoi? De telles vérifications
permettent parfois de mettre en évidence des mécanismes
de signification que l'on n'avait pas remarqués au
premier abord.
|
Il
faut rester conscient du fait que le texte a été
écrit pour un public bien précis et que,
dans le cadre d'un travail universitaire, l'étudiant
est censé proposer une interprétation
qui tienne compte du contexte socio-culturel de réception
d'origine. Il faut donc s'efforcer de mettre entre parenthèses
sa propre sensibilité de lecteur contemporain
d'une oeuvre souvent ancienne, quite à l'offrir
en complément ou en contraste à l'interprétation
«historiquement correcte» qu'attend l'examinateur.
|
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L'élucidation
du sens
Avant d'entreprendre
une analyse quelconque, il faut s'assurer que l'on
a bien compris le sens de ce qu'on analyse, qu'il
s'agisse d'un texte ou d'une brève citation
qui sert de sujet à une dissertation. Il s'agit
donc de procéder à une série
de lectures, qui permettent d'éclairer les
zones d'ombre, réduire les ambiguïtés
et préciser ce qui paraît vague:
1) une première lecture cursive
de défrichement, qui permet d'obtenir une
vue d'ensemble du texte, d'en tirer des impressions
préliminaires, et d'y marquer des passages,
des mots ou des expressions qui posent problème;
2) une seconde
lecture attentive, qui cherche à résoudre
les problèmes linguistiques, grâce
au dictionnaire (cf. infra), s'il est disponible,
ou par un décodage basé sur la logique
et le contexte.
3) une troisième
lecture de synthèse, qui permet de
réviser ses premières impressions
à la lumière des éclaicissements
opérés lors de la deuxième
lecture.
4) une quatrième
lecture d'analyse, où l'on s'attaque
véritablement au travail du texte
Le sens du texte
Déterminer le
sens d'un texte est toujours délicat, et ce
pour au moins quatre raisons:
-
On
peut toujours argumenter que le sens, en dernière
analyse, n'existe qu'en fonction d'un lecteur
donné, et qu'il reste donc «ouvert»
à l'interprétation, c'est-à-dire
entièrement subjectif (déterminé
par le sujet lisant).
-
Il
peut sembler y avoir, pour un même texte
et un même lecteur, une pluralité
de sens posssibles simultanément.
-
Le
sens du texte en soi peut se voir profondément
modifié par le cotexte
(les autres textes ou objets signifiants qui sont
en rapport avec lui) et/ou le contexte
(les circonstances dde sa production et de sa
réception, par sa postérité,
son impact, son influence); le sens se détermine
donc en partie à l'extérieur
du texte.
-
le
sens que l'auteur (cf. infra) a délibérément
voulu donner au texte n'est donc pas forcément
celui que le lecteur perçoit. Il faut tenir
compte de ce décalage.
Que
faire?
-
tenter
d'identifier au maximum les conditions
de production et de réception
du texte (date, contexte socio-historique, etc.)
et rester conscient des différences entre
celles-ci et les conditions actuelles dans lesquelles
nous lisons ce texte.
-
tenir
compte du fait que ces circonstances peuvent affecter
le sens même des mots, ou leur apporter
une connotation qu'ils n'ont plus.
-
si
ces circonstances ne sont pas connues, éviter
de projeter, par défaut, un contexte actuel
sur un texte qui ne l'est peut-être pas
(anachronisme).
-
considérer
diverses probabilités de signification,
que vous présenterez sous forme d'hypothèses
concurrentes, en privilégiant les plus
vraisemblables.
-
ne
jamais construire une argumentation sur «le
message du texte» (ou de l'auteur) en considérant
qu'il y a un sens unique, évident
et invariable (sens immanent).
-
ne
jamais construire toute une argumentation à
partir d'un seul des sens possibles d'un mot ou
d'une expression qui peuvent désigner plusieurs
notions ou concepts. Ceci est crucial pour la
dissertation, où il est souvent indispensable
de commencer par examiner les possibilités
de sens qu'offre une formule ou une phrase donnés
comme sujet.
-
ne
jamais raisonner à partir du sens qui s'impose
d'emblée à vous. Le travail du texte
est aussi un exercice de dépassement de
ses jugements a priori.
[
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|
|
L'opinion
et les sentiments
En tant que lecteur, vous êtes
censé avoir une opinion sur le texte, sur ce qu'il
dit et sur la manière dont il le dit. D'autre part,
un texte, surtout dans le domaine littéraire, a généralement
pour but de provoquer chez vous une émotion, de stimuler
certains sentiments.
Or, le travail du texte
ne peut en aucun cas se résumer à exprimer des
opinions ou des sentiments, même de façon éloquente.
Plutôt
que de réprimer ces opinions et ces sentiments, on
peut les canaliser et les intégrer dans une approche
du texte qui soit rationnelle. Il faut penser qu'une opinion
ou un sentiment personnels n'ont que peu d'intérêt
s'ils ne sont pas partagés par d'autres: à vous
donc de trouver les arguments qui vont convaincre votre interlocuteur,
et lui faire partager vos vues. D'un autre côté,
une opinion, un sentiment ne sont que rarement tout à
fait uniques et individuels: ils reflètent des structures
culturelles plus larges.
|
Si
vous exposez vos opinions et vos sentiments, faites-le
dans le cadre d'une argumentation qui repose sur le
texte de façon précise. A ce moment là,
vous cessez d'être purement subjectif pour devenir
une sorte de «lecteur lambda» dont l'expérience
est généralisable. |
|
Essayez
de relativiser vos opinions et vos sentiments en fonction
de votre profil socio-culturel; soyez conscient du fait
que vous analysez en tant que lecteur de la fin
du XXe siècle, en tant que jeune Français
ou Américain, etc., et que cette identité
colore votre lecture. Mieux vaut revendiquer sa subjectivité
et en articuler les caractéristiques que de faire
comme si tout lecteur devait penser et sentir comme
vous!
|
|
Prenez l'habitude de présenter vos opinions et
vos sentiments à l'aide de formules d'encadrement
qui vous forcent à développer une argumentation.
Par exemple, au lieu de dire ou d'écrire
«Ce poème
est extrèmement émouvant.»
dites:
«Ce poème
nous semble extrèmement émouvant
parce que...»
ce qui amène naturellement une explication, une
justification.
|
|
Dans une dissertation, vous n'avez pas toujours de texte
sur lequel vous appuyer; il faut faire très attention
à ne pas aligner des idées ou des impressions
que rien ne vient corroborer. Vous utiliserez donc les
lectures faites pendant le cours et les notes que vous
avez prises pour argumenter à partir des oeuvres
de tel ou tel auteur, de telle ou telle théorie
ou courant philosophique, et d'exemples précis
tirés de l'histoire, de la littérature,
ou parfois même de l'actualité.
|
|
Attention à l'escamotage complet de votre personnalité
derrière une explication entièrement mécanique;
en tant que lecteur vous devez réagir au texte,
et en proposer une explication qui ne renonce pas à
toute individualité. On voit trop souvent, en
particulier au niveau du deuxième cycle, des
étudiants qui appliquent systématiquement
à n'importe quel texte une «grille de lecture»
(psychanalyse, génétique, déconstruction)
à tort et à travers, sans vraiment le
lire. |
[
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Le
fond et la forme
Toute explication de texte
doit reposer sur une étude simultanée
du fond (le sens, le signifié, la substance)
et de la forme (le signifiant, l'expression,
le «style») dans la mesure ou ils se
complètent mutuellement. Ce principle, assez
simple à formuler, se révèle délicat
à mettre en pratique.
- Dans
le cas de la poésie, le rôle de la
forme (métrique, sonorités, images)
peut sembler facile à déterminer,
alors qu'il l'est beaucoup moins dans la prose romanesque,
le théâtre ou les textes argumentatifs:
pour bien expliquer un poème, il est souvent
nécessaire d'alterner l'explication de la
forme au fond, en un va-et-vient constant. Pour
ce qui est de la prose, on peut être un peu
moins systématique.
- Dans
l'absolu, toute remarque sur le fond en appelle
une sur la forme, et vice-versa: dès lors
que le texte produit un sens, il le fait d'une certaine
manière qui est analysable, et tout élément
de forme produit ou contribue à produire
du sens d'une certaine manière qui est également
analysable. Aucun sens ne «va de soi».
|
Respectez
toujours l'équilibre et l'ordre des trois
phases: décrire, analyser,
interpréter. Cela empêche
de sauter tout de suite à l'interprétation
en négligeant la forme.
|
|
Familiarisez-vous
avec les principaux procédés stylistiques
et figures de rhétorique. Voir par ex.
le site La Clé, le Lexique des études littéraires de
J.-P. Gadenne ou le Lexique de P. Lavergne.
|
|
Ne présumez pas qu'un texte qui semble
assez neutre du point de vue de l'expression,
ou stylistiquement peu marqué, ne présente
aucun intérêt du point de vue de
la forme; l'absence même d'éléments
stylistiques évidents joue un rôle
(c'est ce que Barthes nomme «le degré
zéro de l'écriture»).
|
|
Ne
faites jamais de remarques sur la forme qui n'ont
aucune implication sur le sens.
|
|
|
Le
plan
Le plan est souvent l'élément
le plus déterminant d'un devoir écrit; de bonnes
idées, des connaissances solides, des analyses brillantes
seront jugées insuffisantes si elles ne sont pas organisées
de façon stricte, rationnelle et efficace. Toute explication,
toute présentation orale ou écrite se doit de
respecter une structure tripartite: introduction, développement.
conclusion.
- L'introduction
présente un passage en le situant brièvement
dans un contexte (historique, social, etc.), dans un cotexte
(les autres œuvres de l'auteur, les autres œuvres
de ce genre, etc.), et expose la problématique
sur laquelle vous entendez fonder votre explication, les
axes de lecture que vous allez poursuivre. Elle «lance»
le devoir, en piquant l'intérêt du correcteur.
|
Ne
vous contentez jamais d'utiliser l'introduction comme
une sorte de table des matières, de récapitulatif
des points que vous allez traiter. |
- Le
développement est le corps du devoir, qui
doit lui-même suivre un plan bien agencé.
Il n'existe pas de plan idéal; vous devez trouver
celui qui convient le mieux pour chaque devoir, en fonction
de l'argumentation que vous avez choisie.
|
Pour
organiser votre devoir le plus efficacement possible,
il faut déterminer une progression, un «fil»
qui guide le correcteur. Dans l'explication de texte,
ce fil peut être tout simplement l'ordre de lecture.
Dans une dissertation, vous devrez généralement
agencer vos propos selon une progression dialectique
(thèse / antithèse / synthèse).
Dans un commentaire composé, le rapport entre
les centres d'intérêt sera très
variable, et il faudra donc prendre soin de ménager
de bonnes transistions pour indiquer clairement l'articulation
du plan. En général, on s'attend à
ce que vous alliez du particulier au général,
de l'accessoire à l'essentiel, des remarques
microstructurelles aux conclusions macrostructurelles. |
|
N'oubliez pas d'utiliser les paragraphes judicieusement
pour marquer vos articulations—ce qui ne vous
dispense d'ailleurs pas de l'usage des transitions! |
- La
conclusion vous permet de prendre un certain
recul par rapport au texte que vous venez d'expliquer,
ou aux arguments que vous avez présentés
dans une dissertation. C'est là où vous
examinerez l'originalité ou l'intérêt
du texte dans une perspective élargie, générale;
c'est aussi là où vous pouvez porter sur
le texte une appréciation vraiment personnelle.
|
Ne vous contentez jamais d'utiliser la conclusion comme
une sorte de table des matières, de récapitulatif
des points que vous venez de traiter. |
|
Les Outils
Bien
que les «devoirs sur table» s'effectuent généralement
sans l'aide d'aucun document, les devoirs à la maison
vous donnent l'occasion de vous améliorer grâce
à l'utilisation judicieuse d'outils de travail, dont
les bénéfices se feront encore sentir même
lorsque vous devez composer sans eux.
Le dictionnaire
Il est impératif de travailler
avec un dictionnaire non abrégé, de préférence
Le Petit Robert. Les dictionnaires Larousse, et notamment
Le Petit Larousse, sont inférieurs d'un point
de vue linguistique, mais possèdent un caractère
encyclopédique attrayant.
Il existe des dictionnaires
au format de poche (donc bon marché) couvrant divers
lexiques techniques: psychologie, philosophie, informatique,
marketing, linguistique, littérature, etc.
|
Le dictionnaire bilingue ne doit être utilisé
qu'en tout dernier ressort, et seulement pour vous
aider à comprendre des mots français.
N'utilisez jamais le dictionnaire bilingue seul pour
passer de votre langue maternelle au français:
les résultats sont inévitablement catastrophiques.
Si vous utilisez un bilingue, vérifiez toujours
le sens des mots dans le monolingue, et profitez-en
pour enrichir votre vocabulaire.
|
|
Si vous utilisez un dictionnaire bilingue, proscrivez
absolument les éditions de poche, bien trop limitées. |
|
Le dictionnaire ne peut pas vous «donner le sens»
d'un mot, mais vous indique les possibilités
de sens vous permettant d'interpréter ce mot.
Soyez sûr d'avoir bien saisi le sens dans le contexte,
surtout lorsque l'usage d'un mot ou d'une formule passe
par une figure (métaphore, hyperbole, etc.) |
|
Prenez l'habitude de noter comme aide-mémoire
une définition, un équivalent, un synonyme
ou un antonyme du mot ou de l'expression que vous avez
cherché. |
Le manuel de grammaire ou de conjugaison
Préférez les ouvrages
publiés dans le pays où vous étudiez,
qui reflètent ce que les correcteurs attendent des
étudiants non seulement quant aux connaissances, mais
à la conceptualisation de la grammaire et aux valeurs
culturelles qui s'y attachent.
|
Dans certains cas, il vaut mieux chercher des mots
inconnus dans un livre de grammaire que dans le dictionnaire,
lorsque c'est l'usage plus que le
sens qui vous intéresse; c'est
le cas des conjonctions, par exemple, et de nombreux
adverbes ou locutions adverbiales. C'est aussi le
cas des modes, des temps et des aspects verbaux, qui
permettent d'exprimer de nombreuses nuances de sens
en français |
Les
ouvrages spécialisés, annales du bac ou des
concours, «profils d'une oeuvre», etc.
Ils peuvent se révéler
inestimables pour apprendre de manière très
directe ce que les correcteurs attendent des étudiants
dans le cadre d'une épreuve très précise.
Les meilleurs offrent des principes élémentaires
que les professeurs d'université n'expliquent jamais,
car leurs étudiants sont censés les avoir déjà
maîtrisés au lycée. Ils ne livrent pas
de secrets ni de recettes magiques, puisque les règles
de chaque type d'épreuve sont en réalité
bien connus de tous. Toutefois, les ouvrages qui comportent
des exemples sont très utiles pour comprendre à
quoi ressemble un devoir-type, surtout lorsqu'on n'en a jamais
fait soi-même.
Quelques
titres efficaces et bon marché dans la collection «Marabout»....
Bruno
Hongre, 25 Modèles d'explication de texte et de
lecture méthodique.
Véronique Anglard, 50 Modèles de commentaires
composés.
Geneviève Clerc, 50 Modèles de résumé
de texte.
Nicole Amancy et Thierry Ventura, 50 Modèles de
dissertation.
Les outils en ligne
Le
Web offre des dizaines de sites où l'on peut trouver
des ressources utiles pour ceux qui veulent améliorer
leur maîtrise des techniques d'analyse et d'écriture.
Ceux-ci me semblent particulièrement clairs et bien
documentés
- Le
Trésor de la langue française en ligne.
Dictionnaire extrèmement complet et précis.
Un outil superbe. http://atilf.atilf.fr/tlfv3.htm
- France-Examen
(anciennement «Les Corrigés du Bac»):
http://f16.www.france-examen.com
Tous
les sujets de dissertation du Baccalauréat depuis
95, avec des suggestions de lecture, d'idées à
suivre. Une mine d'or! Voir en particulier «Le Bac
blanc» et les «Annales», qui vous proposent
des corrigés modèles.
- MAGISTER http://www.site-magister.fr/
Egalement axé sur les épreuves de français
du bac, il propose des guides sur la lecture méthodique,
l'argumentation, ainsi que des exemples de lectures thématiques
et des études d'œuvres littéraires
intégrales. Le lexique, très fourni, vous
permet de trouver des définitions simples mais
complètes des mots et expressions couramment employés
dans les études littéraires, ainsi que des
explications sur les notions de base.
- LETTRES.NET:
http://www.lettres.net
Ce site très riche est dévolu
pour l'essentiel à l'épreuve de français
au bac, mais il contient de nombreux outils applicables
à l'analyse textuelle et au travail d'écriture
en général. On y trouve par exemple un excellent
Lexique
des termes littéraires donnant des définitions
de termes techniques claires et simples.
- PHILAGORA : http://www.philagora.net
Un immense site consacré au savoir et à
l'éducation. Voir notamment «J'aime
le français»
pour les études littéraires (niveau collège
et lycée), et la méthodologie de la dissertation
philosophique (qui a valeur générale par
bien des aspects). Les exemples et modèles sont
également très précieux.
Bonus: un répertoire de citations.
- Orthonet: http://orthonet.sdv.fr
Le
site du Conseil International de la Langue Française
propose diverses ressources, dont un logiciel de correction
vous offrant plus de 25 000 réponses sur des difficultés
d'orthographe, de grammaire ou de syntaxe. On y trouve
également des tables de conjugaisons, et une fonction
«lexique» qui vous permet de retrouver un
mot à partir de sa prononciation: en tapant «FISIC»,
par exemple, vous obtiendrez «physique».
- Cours
Autodidactique de Français Écrit
(CAFE)
http://www.cafe.edu
Ce site montréalais propose des tests auto-corrigés,
des exercices et des conseils.
- La
Clé: http://www.cafe.edu/cle/index.html
Site
du CAFE. Tout ce que vous avez jamais voulu savoir (et
beaucoup plus!) sur les figures de style et de rhétorique
ou les genres littéraires. Un outil hypertextuel
extrêmement puissant.
- Clicnet: http://www.swarthmore.edu/Humanities/clicnet/
diverses
resources pour apprenants, sous forme de liens vers d'autres
sites.
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